Écrire l’histoire d’un peuple, d’une communauté, d’un pays ou des acteurs de sa classe politique n’est plus l’apanage des ressortissants, des scientifiques, des auteurs ou des écrivains de pays développés. L’histoire de la RD Congo est principalement écrite et interprétée artistiquement par des auteurs étrangers, principalement les plumes, les sons et les lumières belges. A l’heure du clavardage à travers les autoroutes de l’information, les congolais comme les autres africains peuvent aujourd’hui oser écrire spontanément, librement, avec apprêt et porter plus loin leurs voix ou leurs sons de cloche sur l’histoire, les élites et les icônes des pays développés. Quoi de plus normal que des RD Congolais, du plus vieux aux plus jeunes, s’investissent, depuis des dizaines d’années, à écrire et commenter longuement sur les affaires publiques de leur ancienne métropole durant environ 80 ans : la nature des choses eût, en effet, permis que l’infiniment « petite Belgique » colonise l’infiniment « grand Congo »!
Rédiger une œuvre biographique se révèle un exercice littéraire et historique à la fois passionnant et délicat. Pour le cas d’espèce, le plus difficile à faire c’est de savoir se faufiler dans le pré carré de la sphère du pouvoir du Royaume de Belgique et de livrer un point de vue objectif sur quelques personnages clés et vivants de la vie politique de ce pays dont la capitale est, à ce jour, le carrefour d’inspiration, d’orientation et de décision de l’Union européenne.
Comme aux États-Unis avec les familles Bush (Georges père et junior) et Clinton (Bill l’époux et Hillary, l’épouse), la famille Gandhy en Inde (Indira la mère et Rajiv le fils), la famille Delors en France (Jacques le père et Martine Aubry la fille née Martine Marie-Louise Delors), au Kenya avec la famille Kenyatta (Jomo le père et Uhuru le fils), la famille Bongo Odimba (El Hadj Omar le père né Albert-Bernard et Ali né Alain-Bernard le fils), l’histoire politique de la Belgique est principalement jalonnée de hauts gestes de la famille royale et d’autres personnages exceptionnels issus d’illustres familles dont De Croo (Herman Francies Joseph et Alexander) et Eyskens (Gaston, le père, et Mark, le fils) : ces deux derniers ont, à eux seuls, accumulé environ 10 ans de fonctions fructueuses de premier ministre du Royaume de Belgique.
Abritant en plus le siège de l’Otan (Organisation du Traité Atlantique nord), Bruxelles constitue à la fois un centre de consensus mondial en matière de sécurité internationale et, avec ses ambitieux programmes de développement, de démocratisation planétaire et d’action humanitaire : un symbole incontestable des valeurs, de la prospérité socio-économique et du prestige des peuples de l’Europe et du reste du monde. C’est dans cette ville cosmopolite que se sont distingués également deux belges père et fils, le premier, Louis Michel, né avant l’indépendance de la RD Congo, pourvoyeur de grands services aux titres d’informateur nommé par le Roi Albert II (une coalition arc-en-ciel), de vice-premier ministre en charge des affaires étrangères de 1999 à 2008 enrichies de la qualité de commissaire européen et d’eurodéputé et le second, Charles Michel, plusieurs fois ministre, informateur après les élections fédérales de 2014 et actuel premier ministre du Royaume de Belgique, né après le grand évènement d’autodétermination du peuple congolais, le 30 juin 1960.
Quels facteurs ont milité pour que, à partir des salons et compartiments d’une dizaine de mètre-carrés, ces « deux Michel », en liens fortement biologiques et socioculturels, concourent remarquablement à la grandeur organisationnelle et institutionnelle de la petite Belgique, d’abord, et au leadership mondial de l’Union européenne, ensuite. Certes, il sera essentiellement question de remonter, par un recueillement des témoignages de proximité, les origines, le parcours scolaire, l’engagement dans les mouvements associatifs, le combat, la carrière et le succès politique de Louis et Charles Michel à travers le monde.