Pire, des chefs des missions et agents diplomatiques de la RD Congo ont presque rompu avec la notion de mandat et fonctionnent actuellement selon un nouveau système de gestion au mépris des règles et normes pourtant bien motivées et établies librement, souverainement et en grande solennité, au plan national
Depuis des décennies, le syndrome des intérimaires ou la gestion provisoire ou encore la gestion par défaut ronge sérieusement l’organisation et le fonctionnement de l’administration, les services publics et institutions de la RD Congo : à titre illustratif, les sénateurs viennent de totaliser trois ans sans mandat du peuple, les principales universités de Kinshasa, Lubumbashi et Kisangani sont gérées, depuis des années, par des recteurs intérimaires. Pire, des chefs des missions et agents diplomatiques de la RD Congo ont presque rompu avec la notion de mandat et fonctionnent actuellement selon un nouveau système de gestion au mépris des règles et normes pourtant bien motivées puis établies librement, souverainement et en grande solennité, au plan national.
Les relations entre États ou gouvernements sont régies par la Convention de Vienne de 1961. Selon l’article 14 de la celle-ci, la catégorie chef de mission se divise en trois classes : les ambassadeurs ou nonces apostolique accrédités auprès des chefs d’État, d’abord. Les envoyés « ministre » ou inter nonce également accrédités auprès des chefs d’État, ensuite, et les chargés d’affaires qui sont accrédités auprès du ministre des affaires étrangères, enfin.
La RD Congo a déployé, à travers ses 64 postes diplomatiques, toutes les trois catégories de chef de mission pour lesquelles est appliquée La circulaire n°004 du 09 juin 2003
Par ailleurs, la Convention de Vienne confirme une pratique internationale ayant débuté vers les années 1920. Laquelle pratique permettait la représentation de plusieurs États par un seul chef de mission. Cette hypothèse est reprise aux articles 5 et 6 de la Convention de Vienne qui précisent que l’État accréditaire doit donner son accord pour qu’une même personne soit accréditée par/auprès de plusieurs États. En adoptant cette formule, certains États évitent les difficultés financières que provoque la création de très nombreuses missions diplomatiques tout en étant représentés auprès de différents États.
La RD Congo a déployé, à travers ses 64 postes diplomatiques, toutes les trois catégories de chef de mission pour lesquelles est appliquée la circulaire n°004 du 09 juin 2003 relative au déroulement de la carrière et aux avantages accordés au personnel diplomatique et consulaire signée par Léonard She Okitundu, alors Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération internationale.
Cette circulaire, en vigueur jusqu'à ce jour, indique, dans son chapitre premier que le déroulement de la carrière et les avantages accordés aux agents en Postes à l’étranger sont régis (1) en ce qui concerne le déroulement de la carrière, par l’article 6 de l’ordonnance n°78-448 du 16 novembre 1978 telle que modifiée à ce jour, (2) pour les avantages accordés aux Agents en Poste à l’étranger, par les articles 38-39 de la Loi n°81-003 du 17 juillet 1981 portant statut du personnel de carrière des services publics de l’État, d’une part, et, d’autre part, les dispositions des articles 1, 2, 3, 4, 5, 7, 9, 10, 17 et 18 de l’Ordonnance n°78-448 du 16 novembre 1978 portant règlement d’administration relatif au corps des diplomates de la république.
Tout agent ayant bénéficié de la prorogation de son terme devra passer 5 ans dans l’administration centrale avant une nouvelle affectation en Poste à l’étranger. Toutefois, la prorogation d’un terme ne peut dépasser 8 ans
La même circulaire précise, au 1er article du deuxième chapitre, que (1) Les agents du cadre des affaires étrangères sont affectés dans les représentations diplomatiques pour un terme de 4 ans, (2) Ce terme est de 2 ans pour les agents affectés dans des postes situées dans des pays éloignés et ou Et/ou dans ceux des conditions de vie difficile, au climat rude, en état de guerre, le reste du terme devant être achevé dans un autre pays, (3) Tout agent ayant bénéficié de la prorogation de son terme devra passer 5 ans dans l’administration centrale avant une nouvelle affectation en Poste à l’étranger. Toutefois, la prorogation d’un terme ne peut dépasser 8 ans. Ce qui devrait être une exception, c’est-à-dire les 8 ans de prorogation du terme à ne pas dépasser, est devenu une règle d’or, elle-même alors violée au su et au vu de toutes les personnes censées en assurer la stricte application.
Sur 64 représentations diplomatiques de la RD Congo, 22 sont dirigées en mode intérimaire. Ce qui équivaut à 34,3% de l’ensemble du corps diplomatique reparti de la manière suivante : 7 en Afrique, 2 en Amérique du sud, 4 en Asie et 9 en Europe
Contrairement aux dispositions de cette circulaire, notamment en ce qui concerne la durée du mandat des chefs de mission et agents diplomatiques, un constat amer se dégage en faisant le tour des ambassades de la RD Congo à l’Étranger. En voici quelques preuves :
- Nicolas Fataki Lungele Mussambya, Chargé d’Affaires ai depuis plus de 25 ans à Dakar, au Sénégal. C’est à Dakar que sa chère épouse est morte et sont nés tous ses enfants porteurs aujourd’hui des diplômes d’études universitaires. Il est aujourd’hui président du Groupe des Amis de la Francophonie (GAF).
- Lukusa-Kayembe N'kaya Geneviève, Chargé d'Affaires a.i. à Tunis, en Tunisie depuis environ 20 ans. Elle est comptée parmi les diplomates en poste à Tunis qui ont le plus vécu le régime Ben Ali.
- José Yemba Lohaka, Chargé d’Affaires ai à Buenos Aires, en Argentine depuis environ 15 ans
- Ali Rashidi Moïse, Chargé d’affaires ai à Moscou, en Russie depuis environ 10 ans
- Raphael Mwenda Bambinganila, Chargé d’Affaires ai à Tokyo, au Japon depuis plus ou moins 8 ans
cette léthargie dans le déploiement du personnel et le fonctionnement des représentations diplomatiques de la RD Congo est entretenue par certains hommes forts de Kinshasa, notamment ceux du Ministère des Affaires Étrangères, qui reçoivent, en retour, ce que l’on appelle « bonus » en nature, en service ou en espèces sonnantes et trébuchantes, de la part de leurs protégés respectifs
La liste n’est pas exhaustive. Sur 64 représentations diplomatiques de la RD Congo, 22 sont dirigées en mode intérimaire. Ce qui équivaut à 34,3% de l’ensemble du corps diplomatique reparti de la manière suivante : 7 en Afrique, 2 en Amérique du sud, 4 en Asie et 9 en Europe.
Selon une source bien renseignée, cette léthargie dans le déploiement du personnel et le fonctionnement des représentations diplomatiques de la RD Congo est entretenue par certains hommes forts de Kinshasa, notamment ceux du Ministère des Affaires Étrangères, qui reçoivent, en retour, ce que l’on appelle « bonus » en nature, en service ou en espèces sonnantes et trébuchantes, de la part de leurs protégés respectifs. Tout est mis en œuvre pour ne pas laisser des traces compromettantes.
Chose inquiétante : depuis des années, les ambassades de la RD Congo à Brasilia, à Moscou et à Pékin sont conduites par des chargés d’affaires
Par ailleurs, nous ne pouvons passer sous silence le cas des États-Unis d’Amérique où Madame Faïda Maramuke Mitifu assure les fonctions d’Ambassadrice de la RD Congo depuis 1999, soit environ 16 ans d’exercice sans arrêt de ces fonctions diplomatiques. Docteure de l’Université de Géorgie aux États-Unis d’Amérique, cette femme a successivement coopéré avec les administrations de Bill Clinton, Georges Bush junior et Barack Obama dont elle a été témoin de l’élection et de la réélection. C’est au premier président cité qu’elle avait présenté ses lettres des créances en 1999.
Chose inquiétante : depuis des années, les ambassades de la RD Congo à Brasilia, à Moscou et à Pékin sont conduites par des chargés d’affaires. Pourtant, le Brésil et la Chine font partie de principaux pays émergents de la planète où la RD Congo, pleinement et valablement représentée, pourra davantage développer de fructueuses relations commerciales, économiques et culturelles. Il en est de même pour la Russie qui est associée au G7 et peut offrir également de nouvelles opportunités de coopération et d’affaires, en dépit de la période de basse conjoncture qu’elle traverse au plan économique. (Dossier à suivre)