La République démocratique du Congo a toujours intéressé la communauté internationale. Plus que jamais, elle constitue une matière de politique intérieure de plusieurs pays et alimente des débats politiques à New York, à Addis-Abeba, à Paris, à Washington, à Londres, quotidiennement et passionnellement à Bruxelles. En temps de paix comme en période de crise
Dans une de nos livraisons, nous nous étions posé la question de savoir « jusqu’où pourrait aller le jeune libéral Charles Michel en RD Congo, avec ses idéaux réformistes et Didier Reynders, le dynamique ministre des affaires étrangères issu d’un même parti politique que lui, sachant que, en dehors de l’instabilité politique, de la guerre et de la crise sociale, la RD Congo présente une morphologie institutionnelle réellement hybride découlant des élections de 2006-2007 et de 2011 »? Face à ce tableau sombre, Didier Reynders, - une des personnalités les plus magnétiques au gouvernement fédéral belge depuis plus de 15 ans dont 11 ans sans discontinu en qualité de ministre des finances - a toujours opté, en quatre ans, pour une diplomatie belge sans peur et sans recul.
Avec des institutions clopin-clopant et à l’annonce des élections générales en RD Congo, les événements s’étaient précipités à un rythme astronomique. En effet, un soulèvement populaire contre la prolongation tacite du mandat de Joseph Kabila, actuel président de la RD Congo, au-delà de décembre 2016 avait paralysé le pays par la capitale Kinshasa et une partie de l’hinterland, du 19 au 21 janvier 2015. La communauté internationale n’était pas restée indifférente face à cette situation dramatique ayant entrainé massivement des morts, des blessés, des centaines d’arrestations assortie des graves violations de liberté d’expression et des droits à l’information et à la communication par la coupure de la connexion internet, de la téléphonique mobile et tous ses services dont les SMS, sur ordre des autorités gouvernementales congolaises.
"Il n’y a pas d’élections démocratiques possibles sans garantir aux parties prenantes la liberté d’expression et de rassemblement pacifique"
Comme d’habitude, la Belgique a été un des premiers pays à réagir officiellement et ouvertement sur la situation trouble de janvier 2015, à travers un communiqué publié par son ministre des affaires étrangères, Didier Reynders, le 25 janvier dernier. Dans ce communiqué, le responsable de la diplomatie belge s’était félicité du consensus trouvé entre l’Assemblée nationale et le sénat qui avaient voulu préserver la paix sociale en retirant de la loi électorale l’alinéa qui liait la tenue des élections présidentielle et législatives à la tenue d’un recensement de la population et avait souligné la nécessité de tenir en RD Congo des élections crédibles, inclusives, apaisées et transparentes, tout en encourageant vivement toutes les parties à s’abstenir de prendre toute mesure qui conduirait à empêcher le déroulement des élections selon les délais et dispositions prévus par la constitution ou en limiter la participation. Il avait, par ailleurs, insisté sur le fait qu’ « il n’y a pas d’élections démocratiques possibles sans garantir aux parties prenantes la liberté d’expression et de rassemblement pacifique », avant de rappeler que l’appui de la Belgique à l’organisation des élections dépendra de l’adoption par la CENI d’un budget clair, raisonnable et transparent, ainsi qu’un calendrier réaliste et crédible. Ce qui avait constitué l’acte officiel premier du gouvernement Charles Michel face à cette situation de violence en RD Congo.
La Belgique est le premier pays à accomplir, du 21 au 25 février 2015, une mission gouvernementale bi-ministérielle et multisectorielle en bilatéral de 120 heures, un mois après les « 3 Glorieuses du janvier noir congolais
Acte second du gouvernement belge : après le passage de l’Envoyé spécial du président américain pour la Région des Grands Lacs et la RD Congo, Russel Feingold et celui du ministre allemand des Affaires étrangères, Franck-Walter Steinmeier , la Belgique est le premier pays à accomplir, du 21 au 25 février 2015 une mission gouvernementale bi-ministérielle et multisectorielle en bilatéral de 120 heures, un mois après les « 3 Glorieuses du janvier noir congolais » : Didier Reynders et Alexander De Croo, deux vices-premiers ministres en charge respectivement des affaires étrangères et de la coopération au développement avaient conjointement mené une mission en RD Congo où ils avaient rencontré un grand nombre de responsables du gouvernement, de l’opposition et de la société civile, tant à Kinshasa qu’à Goma, au Nord-Kivu. Une mission de grand engagement de coopération et de fermeté diplomatique.
S’agissant de la traque des FDLR, la Belgique souligne l’importance qu’une synergie constructive soit rétablie entre la MONUSCO, mandatée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, et les FARDC
Au cours de ces différentes rencontres, les deux interlocuteurs belges avaient affirmé que la Belgique avait suivi de près les développements liés à l’adoption de la nouvelle loi électorale et se félicite de la publication du calendrier des élections provinciales, urbaines, municipales et locales en 2015 ainsi que des élections législatives et présidentielle en 2016. Ils avaient fait valoir que tout devait être mis en œuvre pour que la tenue des élections locales n’ait pas une incidence sur le respect du calendrier des échéances présidentielle et législative. Ils avaient également réitéré la disponibilité de la Belgique à contribuer à la réussite du processus électoral.
S’agissant de la traque des FDLR, la Belgique souligne l’importance qu’une synergie constructive soit rétablie entre la MONUSCO, mandatée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, et les FARDC. Le règlement de la question des groupes armés étant important non seulement pour le peuple congolais mais aussi pour la stabilité de la Région des Grands Lacs d’Afrique. Des arrangements pragmatiques devraient pouvoir être trouvés entre la MONUSCO et les FARDC, afin de garantir l’efficacité des opérations et la protection de la population.
"Cette mission traduit éloquemment le soutien continu de la Belgique pour le développement de la RD Congo dont la croissance devra bénéficier à tous les congolais"
Cette mission traduit éloquemment le soutien continu de la Belgique pour le développement de la RD Congo dont la croissance devra bénéficier à tous les congolais. La RD Congo est le premier bénéficiaire de l’aide publique au développement de la Belgique et Alexander De Croo était venu confirmer cet engagement qui privilégie une coopération de proximité, notamment dans les secteurs de l’enseignement, du développement rural et de la santé. Il avait souligné la nécessité d’un plus grand engagement de l’État congolais dans ce partenariat.
Outre les dossiers économiques, la coopération en matière de sécurité a été discutée, avec un intérêt mutuel pour la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent en Afrique centrale et de l’est.
Une fois de plus, Didier Reynders et Alexander De Croo avaient clairement rappelé que le développement socio-économique, tout comme la construction de l’État de droit et de la démocratie supposent le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales universellement reconnus. S’agissant toujours des évènements de Janvier 2015, le comportement outrageant des forces de sécurité et les mesures liberticides gouvernementales relatives à la coupure de l’internet, de la téléphonie mobile y compris les SMS avaient fait l’objet des discussions franches entre la mission belge et les autorités gouvernementales congolaises.
Michel Lastschenko, ambassadeur plénipotentiaire et extraordinaire de Sa Majesté le Roi des Belges en RD Congo, était compté parmi les sapeurs-pompiers de ce soulèvement populaire qui prenait une tournure inquiétante et dangereuse
Bien avant l’arrivée de Didier Reynders et Alexander De Croo en RD Congo, sur place à Kinshasa, en dehors des démarches politiques, les diplomates en missions permanentes dans ce pays s’étaient résolument impliqués dans la recherche des pistes de sortie aux évènements malheureux de janvier 2015. Le gouvernement belge y était bien renseigné. Respectant scrupuleusement les termes de son engagement diplomatique et la ligne politique de Bruxelles, Michel Lastschenko, ambassadeur plénipotentiaire et extraordinaire de Sa Majesté le Roi des Belges en RD Congo, était compté parmi les sapeurs-pompiers de ce soulèvement populaire qui prenait une tournure inquiétante et dangereuse : tenue sous pression de la population congolaise et de la communauté internationale, la chambre basse avait avalisé la nouvelle loi électorale, après que le sénat « en déchéance » a vidé l’article 8 de celle-ci des termes et de l’ombre du recensement administratif, l’arbre qui cachait la forêt, selon des acteurs de l’opposition et de la société civile congolaises. Michel Lastschenko avait fait prévaloir le dialogue entre les acteurs politiques, en impliquant la société civile dans sa démarche. Ainsi, revenaient la détente politique et le calme à travers l’ensemble du pays.
Un des porteurs de la voix de la communauté internationale et cheville ouvrière de la politique d’amitié, de solidarité et de pleine coopération de la Belgique en RD Congo, Michel Lastschenko souligne, à toute occasion, l’utilité de consolider et de diversifier les liens historiques existant entre les peuples de ces deux pays. " Un autre lien qui unit la Belgique et le Congo et qui a marqué la période séparant le 15 novembre 2012 du 15 novembre 2013, est la qualification de notre équipe nationale de football- les Diables Rouges au tour final de la Coupe du Monde de 2014 à Rio de Janeiro, au Brésil.
...Sans la présence dans l’équipe nationale des footballeurs d’origine congolaise que sont Christian Benteke, Vincent Kompany, Romelu Lukaku et Moussa Dembele, notre qualification n’aurait pas été assurée ", dixit S.E l’ambassadeur Michel Lastschenko
Claude Kazadi Lubatshi
Nelly Kapinga wa Diamba