« Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages : tout petit prince a des ambassadeurs! ». Lambert Mende en est-il un aux côtés de Joseph Kabila?
Jean de La Fontaine (1621-1695) raconte dans sa fable dont le titre est indiqué ci-dessus comment la grenouille creva en voulant se faire plus grosse que le bœuf. Il termine cette fable en disant que « Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages : tout petit prince a des ambassadeurs! ». Lambert Mende en est-il un aux côtés de Joseph Kabila?
Toujours égal à lui-même, Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement congolais déclare, dans son point de presse du lundi 16 février 2015, sur ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui la pomme de discorde entre la MONUSCO et la RDC concernant la traque des FDLR, « Il n’y a pas de raison pour que la RDC ne s’assume pas ». L’intention est noble car tout pays qui se respecte et qui est « responsable » devrait s’assumer. Mais les faits attestent que la RDC n’est pas à même de s’assumer. Tenez :
Premièrement, il serait malhonnête pour la RDC de ne pas reconnaître le rôle joué par la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO) pour réduire tant soit peu les tensions et l’insécurité dans l’Est du pays. Le gouvernement de la RDC devrait donc mesurer ses ambitions en décidant de « se passer de la MONUSCO et faire cavalier seul » dans la traque des FDLR. Quand un pays s’engage avec la communauté internationale pour la défense de son territoire national, la moindre des choses c’est de respecter les textes légaux qui le lie avec la communauté internationale. Dans cette approche, tel ne semble pas en être le cas.
...il paraît absurde que la RDC puisse s’affranchir du soutien onusien qui demande simplement, sur base des éléments en leur possession, que les deux généraux soient d’abord écartés de leurs postes
Deuxièmement, la question des « deux généraux » indexés par la MONUSCO ne devrait être considérée comme un motif pour « s’affranchir » du soutien onusien dans la traque des FDLR. En effet, dans toutes les démocraties du monde, lorsqu’un soupçon pèse sur un haut « dirigeant », il est souvent recommandé que la personne puisse démissionner de son poste jusqu’à ce que la justice puisse l’innocenter, auquel cas elle pourrait être « réhabilitée » à ses fonctions. Donc, il paraît absurde que la RDC puisse s’affranchir du soutien onusien qui demande simplement, sur base des éléments en leur possession, que les deux généraux soient d’abord écartés de leurs postes. C’est le cas Serge Kubla en Belgique. Soupçonné actif dans une affaire de corruption en RD Congo, cet ancien ministre wallon de l’économie, écroué le 24 février dernier, a été appelé, le même jour, à démissionner par Olivier Chaslet, le président de son parti, le Mouvement Réformateur (MR), afin de permette à la justice de tirer rapidement les choses au claire.
Ces comportements traduisent la fable Jean de La Fontaine « Une grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf ». L’avenir nous le dira. La RDC a-t-elle aujourd’hui les moyens matériels et humains pour déclarer la guerre à la communauté internationale?
Troisièmement, la RDC est-elle en train d’oublier le rôle combien important que la MONUSCO a joué pour mettre un terme à la rébellion du M-23 qui a décimé des villages entiers à l’Est du pays? Lambert Mende estime que s’il y a violation des droits humains, ce qui est pourtant évident avec les événements malheureux de 19, 20, 21, et 22 janvier 2015 que l’on vient de vivre à Kinshasa et dans de nombreuses villes de la RDC, qu’il y ait une action en justice initiée. Le gouvernement de la RDC peut-elle vraiment rendre une vraie justice? Où sont tous ces généraux et membres du M-23? N’est-ce pas en train de pavaner dans des salons huppés?
Ces comportements traduisent la fable de La Fontaine « Une grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf ». L’avenir nous le dira. La RDC a-t-elle aujourd’hui les moyens matériels et humains pour déclarer la guerre à la communauté internationale? Quand le porte-parole du gouvernement contredit son chef d’État. Alors que ce dernier déclare que la « RDC n’a jamais et n’aura jamais la vocation à être cogéré avec un club de diplomates », Lambert Mende estime que « la RDC a besoin du soutien de la communauté internationale pour l’organisation des élections comme en 2006 ». N’est-ce pas dire une chose et son contraire?
Zacharie Tsala Dimbuene PhD