Pour certains, ces manœuvres sont le signe d’un affaiblissement imminent du président et d'une potentielle dislocation de son parti politique, l’UDPS.
La République Démocratique du Congo est de nouveau au cœur d’un tumulte politique. À trois ans des élections présidentielles prévues en 2028, les débats s’intensifient autour de la possibilité de modifier la Constitution. Cette question, qui résonne comme un écho de la fin de règne de certains leaders africains, suscite aujourd’hui des inquiétudes, surtout à l’approche de la fin du second et dernier mandat constitutionnel de Félix Tshisekedi. Pour certains, ces manœuvres sont le signe d’un affaiblissement imminent du président et d'une potentielle dislocation de son parti politique, l’UDPS.
Une tentative de révision constitutionnelle : coup de poker ou ultime défense ?
Les rumeurs d’une révision de la Constitution en RDC ont pris de l’ampleur ces derniers mois, et elles ne cessent d’alimenter les spéculations. Les partisans de cette initiative semblent y voir une nécessité pour "moderniser" ou "adapter" les institutions du pays aux défis actuels. Cependant, pour ses opposants, c’est avant tout une manœuvre désespérée de Félix Tshisekedi pour prolonger son règne au-delà de 2028, date qui marque la fin de son second et dernier mandat selon la loi actuelle.
Historiquement, de telles modifications en Afrique ont souvent été perçues comme un moyen pour les dirigeants de maintenir leur emprise sur le pouvoir, quitte à sacrifier la stabilité du pays. En RDC, les opposants comme Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Joseph Kabila, Matata Ponyo et d’autres leaders politiques ont saisi cette opportunité pour se rallier contre le régime, dénonçant ce qu’ils considèrent comme une tentative flagrante de renversement de l’ordre constitutionnel.
L’Église catholique entre dans l’arène
L'une des évolutions marquantes de cette crise est l’entrée en scène de l’Église catholique, une institution qui a toujours joué un rôle prépondérant en RDC. Se joignant au chœur des voix opposées à la révision de la Constitution, elle renforce ainsi la légitimité du mouvement de contestation. L’Église, qui jouit d’une grande influence auprès des Congolais, a déjà prouvé dans le passé sa capacité à mobiliser les masses, notamment lors des manifestations contre le régime de Joseph Kabila. Son opposition actuelle ne fait donc qu’intensifier la pression sur Félix Tshisekedi et son camp.
Le soutien de l’Église catholique aux opposants confère à cette coalition hétéroclite un ancrage plus profond dans la société congolaise. En unissant leurs voix, ces acteurs politiques et religieux s’érigent en rempart contre toute tentative de modifier la loi fondamentale du pays, rappelant que les expériences passées de modifications constitutionnelles en Afrique ont souvent été synonymes de troubles et d’instabilité.
Union sacrée ou désunion annoncée ?
Au cœur de cette agitation, une autre question se pose : celle de la cohésion de l’Union Sacrée pour la Nation, la coalition au pouvoir rassemblant divers partis et acteurs politiques autour de Félix Tshisekedi. Cette coalition, bâtie sur des alliances fragiles et des intérêts convergents, pourrait se trouver en danger face aux tensions internes que susciteraient les débats sur la révision constitutionnelle. Les dissensions, déjà visibles, pourraient mener à un éclatement de l’Union Sacrée, ce qui affaiblirait considérablement le président et ses chances de maintenir un semblant d’unité au sein de son camp politique.
Si l’Union Sacrée venait à se fissurer, les défections risqueraient d’encourager davantage les forces d’opposition, galvanisées par la perspective de voir tomber un régime qu’elles jugent autoritaire et peu respectueux des règles démocratiques. L'éventuelle fragmentation de cette coalition pourrait précipiter la fin de règne de Félix Tshisekedi et mener à une redistribution des cartes politiques en RDC à l'approche de 2028.
Une situation de plus en plus critique
Le positionnement actuel de Félix Tshisekedi est délicat. En voulant initier un changement de la Constitution, il joue un jeu dangereux. D’un côté, il pourrait consolider son pouvoir à court terme, mais de l’autre, il risque de provoquer un soulèvement populaire ou des mouvements de protestation massifs, encouragés par ses adversaires politiques et les puissantes voix de la société civile, telles que l’Église catholique.
Le soutien croissant aux opposants et la méfiance envers les intentions de Tshisekedi pourraient mener à des tensions intenses et à des confrontations politiques exacerbées. Si la révision constitutionnelle échoue et que l’Union Sacrée se disloque, il est fort probable que le président se retrouve isolé, avec peu de soutien pour naviguer les trois prochaines années jusqu’aux élections de 2028.
En conclusion, la volonté de changement constitutionnel, loin d’être une simple démarche législative, est un test de force pour Félix Tshisekedi. Si l’opération réussit, il gagnera peut-être un peu de temps et consolidera temporairement son emprise sur le pouvoir. Mais en cas d’échec, cela pourrait bien être le début de la fin pour son régime et l’UDPS, avec un effondrement prévisible de l’Union Sacrée pour la Nation.
CLBB