"La mise en accusation de messieurs Félix Tshisekedi, Joseph Kabila et Corneille Nanga pour haute trahison avec privation à vie des droits civiques et politiques et la privation aux deux premiers cités du titre de sénateur à vie "
A une semaine de la tenue des élections générales en RD Congo, l’incertitude plane sérieusement sur la qualité du scrutin et l’avenir du peuple congolais. Un pari à double facette émerge particulièrement face au président Tshisekedi et à l’ensemble des acteurs et décideurs internationaux : ça passe ou ça casse.
D’une part, la société civile assiste impuissante et malléable à cette situation catastrophique pour l’avenir de ce pays continent. À l’exception du mouvement sociopolitique « Mission Nouvelle » déserté par Alain Daniel Shekomba, ancien candidat à la présidence de la république, volant au secours du président sortant, candidat à sa propre succession : une déclaration de ce mouvement exige entre autres la mise en accusation de messieurs Félix Tshisekedi, Joseph Kabila et Corneille Nanga pour haute trahison avec privation à vie des droits civiques et politiques et la privation aux deux premiers cités du titre de sénateur à vie pour haute trahison et sabotage de la souveraineté populaire en marge des élections du 30 décembre 2018. D’autre part, l’opposition congolaise, minée par ses divisions, ses trahisons et son incapacité à faire prévaloir l’intérêt national, est réduite au rôle de figurant dans un processus électoral totalement opaque et profondément défectueux.
"Jamais dans l’histoire de la RD Congo, un processus électoral a été si contesté que l’actuel"
Jamais dans l’histoire de la RD Congo, un processus électoral a été si contesté que l’actuel. Du boycott du FCC, l’alliance politique de l’ancien président Kabila à une regrettable participation de l’opposition, sans oublier la guerre et l’occupation de l’Est du pays, l’organisation des élections à venir se distingue par une partialité insolente et manque cruellement d’inclusivité. Et si on y ajoute l’opacité financière, l’absence d’un audit indépendant du Fichier électoral, le non-affichage des listes électorales aux lieux de vote, les cartes d’électeurs aux libellés et identités visuelles variables et surtout l’absence de déploiement des matériels sensibles à quelques jours du scrutin, l’on se demande pourquoi chaque partie prenante au jeu électoral fait semblant de croire que ces élections seront en mesure de faire respecter le choix du peuple ou de juguler la persistante crise de légitimité ?
"C’est clairement et incontestablement impossible d’avoir des élections avec un minimum des conditions acceptables"
Aujourd’hui, au-delà de toute manipulation politique - à moins d’être de mauvaise foi -, c’est clairement et incontestablement impossible d’avoir des élections avec un minimum des conditions acceptables. Si le monde n’était pas hypocrite, si la classe politique de la RD Congo était sincère, si ses autorités congolaises étaient honnêtes, le report de ces élections serait la seule voie du salut possible. Non sans sanction à l’encontre des responsables directs et indirects du déraillement du processus électoral en cours. Visiblement, il ne va pas s’agir d’un simple report technique. Car pour que le déraillement ne se répète dans l’avenir, un audit du processus est obligatoire et s’impose. Il faut aussi un dialogue national pour permettre un climat sociopolitique apaisé. Quasiment une remise à plat du processus électoral. N’importe quelle autre voie contraire risque de nous entraîner vers l’inconnu.
Ça passe ou ça casse ? Voici les trois scénarios les plus probables, à la lumière de la situation politique, sécuritaire et socioéconomique qui prévaut dangereusement en RD Congo :
1. Report des élections
Le report est sans doute la meilleure des hypothèses car la CENI n’est pas prête à organiser des élections de qualité, notamment pour des raisons d’incompétence, d’ordre logistique et matériel plutôt que politique. Même si le résultat final est le même c.à.d. la violation de la constitution.
Peu importe la justification utilisée (report technique, requête de l’Opposition, etc.), la CENI et le gouvernement sont responsables et devraient rendre compte au peuple. Car un courant étouffé de la société civile n’a pas arrêté de tirer la sonnette d’alarme depuis des mois, pendant que les responsables de la CENI, du gouvernement ainsi que le président de la République ont toujours déclaré publiquement que les élections auront bien lieu dans le délai prévu c’est-à-dire le 20 décembre 2023. Dans ces conditions, les responsables précités doivent rendre compte à la Nation. Un report sans sanctions, sans dialogue national, sans changement de profondeur de la CENI et de toutes les institutions impliquées dans l’organisation des élections ne peut être acceptable.
2. Élections chaotiques
Le deuxième scénario est celui d’un passage en force de la CENI et du gouvernement d’autant plus que c’est leur comportement depuis le début du processus électoral. Ils ont toujours privilégié leurs intérêts égoïstes et la préservation de leur pouvoir plutôt que l’intérêt collectif et l’organisation de bonnes élections. Chaque étape du processus électoral a été bâclé, mal engagé et mal réalisé. Ce qui explique l’impasse actuelle, l’incapacité matérielle et humaine d’organiser les élections. Dans ces conditions, le pouvoir en place aurait l’intention de défier le peuple congolais, la classe politique et la société civile, en orchestrant un passage en force par l’organisant des élections dans quelques bureaux des votes uniquement surtout dans les grandes villes et compter sur la division de l’Opposition, la passivité de la Communauté internationale et l’amorphisme de la population pour un passage en force. Espérant que ça va passer au lieu de casser !
Un tel cas de figure est juste inacceptable et sera sans doute porteur des germes d’un énième chaos à grande spectre. Du simple fait qu’après la mascarade de 2018, les populations, déjà préparées à toute éventualité pendant la campagne électorale en cours, veut simplement choisir librement ses dirigeants. Leur priver de ses droits risque de conduire vers le pire c’est-à-dire des troubles majeurs à travers l’ensemble du pays. Ce qui risque de conduire à une situation inconnue et durablement incontrôlable.
Le pouvoir a tout intérêt à ne pas essayer son « apprentissage à la sorcellerie » par une telle option potentiellement à haut risque et contre-productive pour la paix et la stabilité du pays. L’Église catholique, la Société civile voire l’Opposition ont déjà prévenu, à propos. Contre ses auteurs, un tel cas de figure risque de conduire au déclenchement de l’article 64 qui appelle les populations à s’opposer à quiconque veut prendre ou exercer le pouvoir en violation des dispositions constitutionnelles.
3. Un coup d’état militaire
Le retour des coups d’État en Afrique rend ce scénario tout à fait plausible d’autant plus qu’un appel a été lancé dans ce sens par un ancien général de l’armée en exil à l’étranger. Dès lors, il est nécessaire que la Société civile puisse se préparer à une telle éventualité.
Car comme l’a rappelé le Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar, les Coups d’État sont condamnables par principe même si dans certaines circonstances ils peuvent se justifier. Au stade actuel, sans dialogue politique, du côté des organisations armées, la tentation est réelle d’agir en usant le langage de dernier recours c’est-à-dire recourir à la forcé armée et se parer du statut de « sauveurs de la Nation » face à la corruption exponentielle, l’intolérance et l’incompétence légendaire du régime actuel.
Il est donc plus qu’urgent que les forces vives de la Nation se concertent et proposent des solutions qui vont préserver la paix et la sécurité de tous.
"L"espoir, le présent et l’avenir sont pris en otage par une infime minorité détenant l’impérium"
En définitive, « Ça passe ou ça casse » semble être l’option machiavélique du pouvoir en place. C’est réellement un poker menteur qui se joue. Et cela constitue un comportement criminel face à la détresse des millions de congolais dont l’espoir, le présent et l’avenir sont pris en otage par une infime minorité détenant l’impérium. La RD Congo saisira-t-elle ce moment pour un sursaut national et salutaire ? A chacun d’y répondre.