Le professeur Sylvain Shomba Kinyamba définit « Coop » comme étant un terme abrégé pour des raisons dues à la loi du moindre effort du vocable français « coopération ». Il indique que ce mot renvoie à un arrangement particulier, un accord informel convenu entre deux parties. Il poursuit son explication en relevant qu’il y a « coop » ou « coopération » lorsqu’on sait passer outre, astucieusement, les convenances légales
… Dans l’imaginaire collectif kinois ou congolais, la coopération ne relève plus de l’action positive. Elle n’est plus « la politique par laquelle un pays apporte sa contribution au développement économique et culturel des nations moins développées », comme l’indique Le Nouveau Petit Robert. Dans le même registre, dans son livre « Comprendre Kinshasa à travers ses locutions populaires, sens et contextes d’usage », le professeur Sylvain Shomba Kinyamba définit « Coop » comme étant un terme abrégé pour des raisons dues à la loi du moindre effort du vocable français « coopération ». Il indique que ce mot renvoie à un arrangement particulier, un accord informel convenu entre deux parties. Il poursuit son explication en relevant qu’il y a « coop » ou « coopération » lorsqu’on sait passer outre, astucieusement, les convenances légales. Les étudiants qui collaborent au cours d’un examen, un entremetteur qui réussit à faire séduire une femme mariée moyennant promesse d’une récompense, un vendeur d’un magasin qui remet furtivement un article à un client moyennant une remise dérisoire, un collaborateur qui subtilise un courrier dangereux pour X, …sont autant des « coops » [ou « coopérations »].
En dernière analyse, « coopérer », c’est également atteindre un objectif quelconque par des moyens frauduleux ou illicites, c’est des combines ou carrément le vol organisé et entretenu
Au sein de la majorité des populations locales que visent les PIC (Programmes indirects de coopération), le terme coopération a, depuis des décennies, pris une connotation péjorative. Coopérer veut dire conclure une affaire dans le cadre informel, traiter ou collaborer en catimini contre les intérêts des uns ou des autres, des « absents du lieu de la coopération ». « Coopération », dans ce contexte populiste, favorise la discrimination et entretient des visées égoïstes. En dernière analyse, « coopérer », c’est également atteindre un objectif quelconque par des moyens frauduleux ou illicites, c’est des combines ou carrément le vol organisé et entretenu. Cette mauvaise conception de la coopération met en difficulté la matérialisation des projets de la coopération internationale.
Actuellement, les activités de la coopération internationale sont de plus en plus indexées du fait de l’émergence de nouveaux affairistes et bourgeois congolais, responsables des projets de coopération…
Certes, ce sont les expériences malheureuses dans la gestion des ressources communautaires par la majorité des élites congolaises pendant plus de quatre décennies qui ont causé la dénaturation du vocable «coopération» dans l’imaginaire populaire congolais ainsi que des effets démobilisateurs, déstabilisateurs et démoralisateurs à travers trois générations successives, du «travailleur le plus expérimenté» au «plus vieux chômeur». Actuellement, les activités de la coopération internationale sont de plus en plus indexées du fait de l’émergence de nouveaux affairistes et bourgeois congolais, responsables des projets de coopération…
Source : Claude Kazadi Lubatshi, « 50 ans de coopération internationale RD Congo-Belgique. Regard et perspectives nouvelles sur la coopération indirecte belge en RDC : cas des PIC- CUD à l’Université de Kinshasa » publié en mars 2010 par le journal « LE PHARE »