À travers son message de célébration des 59 ans d’indépendance de la République démocratique du Congo (RD Congo), le président du mouvement sociopolitique « Mission Nouvelle », Alain Daniel Shekomba dit « Lumumba mis à jour » note l’échec des élections du 30 décembre 2018 en RD Congo et propose, en quatre points, une piste de solution durable à la persistance crise de légitimité dans ce pays. Sans commentaire, voici l’intégralité du message du premier néo-missionnaire aux populations congolaises.
"L’Afrique a la forme d’un revolver dont la gâchette et les minutions se trouvent en RD Congo"
Chers Compatriotes,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Au cours de cette deuxième décennie du 21ème siècle finissante, je me permets, en ce jour de célébration des 59 ans d’indépendance de notre pays, de prolonger un des maximes les plus célèbres du psychiatre et essayiste français Franz Fanon, en ces termes : « L’Afrique a la forme d’un revolver dont la gâchette et les minutions se trouvent en RD Congo ». Je le dis et je m’explique : avec plus d’un siècle de l’école fondamentale, plus de 65 ans d’âge de l’université, une histoire marquée par de brillants penseurs, une population davantage plus jeune et un espace vital doté des richesses naturelles diversifiées et incommensurables, la RD Congo devrait être un paradis terrestre, une citadelle des bâtisseurs et de l’harmonie pour le monde entier. Hélas! La situation de la RD Congo est globalement préoccupante et caractérisée par des tensions sociopolitiques persistantes, une économie chancelante, une éducation aux rabais, la perte dramatique des valeurs éthiques, des mentalités dominantes en faveur du mal et de la destruction des biens communs. Le tout traduit, à son paroxysme, par une corruption quasi généralisée, une impunité officialisée et des violations des droits humains systématiques et à répétition. À ce jour, de nombreux écoliers savent que leurs parents vident les caisses de l’État, rançonnent ou terrorisent de paisibles citoyens pour leur offrir de prestigieuses fêtes d’anniversaire. Gravissime!
"Le 27 décembre 2018, nous avions ainsi quitté ce processus électoral dont les signes et les manifestations publiques de la fraude nous brillaient aux yeux comme la lune et les étoiles la nuit"
Chers Compatriotes,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Organisées avec (1) la Machine à voter, une option illégale, non consensuelle et un outil inadapté aux conditions socioculturelles des électeurs, (2) un fichier électoral comprenant des électeurs fictifs non révisé et non soumis à la vérification des candidats, (3) la modification brusque de la cartographie des centres et bureaux de vote, (4) une formation approximative des agents de vote, (5) la non publication de la liste définitive des électeurs, (6) l’incapacité du gouvernement d’assurer la protection de la logistique, du personnel et du patrimoine de la Commission Électorale Nationale Indépendante, CÉNI, (7) L’incapacité du gouvernement d’assurer le déroulement de la campagne électorale dans le calme, la tranquillité et la paix sur l’ensemble du territoire, (8) l’incapacité du gouvernement d’assurer la protection des candidats aux élections et de la population concernée par celles-ci, (9) le déficit de communication entre le gouvernement et les populations sur l’état de surmilitarisation de la capitale et de quelques villes de l’intérieur du pays par des forces combattantes et (10) Le refus du gouvernement en place d’accréditer des observateurs internationaux, particulièrement les experts traditionnels européens et américains, les élections du 30 décembre 2018 ont été un fiasco et ses résultats sont très contestés. Ces élections ont plus que jamais divisé et, avec la poursuite des invalidations et revalidations par la cour constitutionnelle, divisent davantage les populations congolaises en les éloignant de l’alternance véritable tant souhaitée à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Moi et mon mouvement, Mission Nouvelle, avions anticipativement refusé, en tant que candidat à la présidentielle, électeurs et citoyens congolais, de cautionner une parodie d’élection. Le 27 décembre 2018, nous avions ainsi quitté ce processus électoral dont les signes et les manifestations publiques de la fraude nous brillaient aux yeux comme la lune et les étoiles la nuit.
"C’est presque utopique et aléatoire pour l’actuel président d’appliquer son crédo de gouvernance, résumé en lutte contre la corruption, l’injustice et les violations des droits humains, du moment où les bourreaux du peuple, les criminels économiques et de guerre de 1997 à ce jour sont en totale liberté, revendiquent la part du lion au gouvernement et se transforment en donneurs des leçons, sans avoir préalablement répondu de leurs actes devant la justice"
Chers Compatriotes,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Voilà que le régime ancien, responsable de la crise multiforme qui endeuille dramatiquement le peuple congolais aujourd’hui, refait surface en détenant la majorité au Parlement, aux assemblées et gouvernements provinciaux avec tous les moyens politiques d’asphyxier le programme, la vision et les ambitions de l’institution « Présidence » de la république : c’est presque utopique et aléatoire pour l’actuel président d’appliquer son crédo de gouvernance, résumé en lutte contre la corruption, l’injustice et les violations des droits humains, du moment où les bourreaux du peuple, les criminels économiques et de guerre de 1997 à ce jour sont en totale liberté, revendiquent la part du lion au gouvernement et se transforment en donneurs des leçons, sans avoir préalablement répondu de leurs actes devant la justice. Pourtant, la logique élémentaire des choses voudra que ces personnes incriminées n’aient plus droit à la parole, sauf en cas d’intérêt supérieur de la nation et de sauvegarde de la paix sociale.
Aujourd’hui, l'autorité morale des institutions actuelles est sapée. Ces dernières n'ont pas la crédibilité politique suffisante pour mettre en œuvre, avec le concours de la majorité de la population, un programme de redressement socio-économique indispensable. Parce que l'homme de la rue n'est plus dupe des malversations au sommet, séquelles de la gestion à l’époque Kabila II. Des pratiques honteuses caractérisées par l'affairisme politique à outrance ramenant, jour après jour, le peuple congolais dans des ruines insondables. L'affairisme politique ayant engendré sur des décennies l'émergence de "faux riches" et de "faux bourgeois" dégageant excessivement l'odeur de la pauvreté et de la misère à travers les rues et sentiers du pays! A ce rythme, la RD Congo risque d'être comptée pour longtemps parmi les plus grandes zones d'insécurité humanitaire de la planète.
Qu’à cela ne tienne, dire que « le peuple gagne toujours » encourage nous tous. Clamer plus haut que « le Peuple gagne toujours » revient substantiellement à croire et à s’engager, en tant que leaders des forces politiques et sociales, en vue de renverser la tendance en faveur du peuple et tracer la voie pour une alternance véritable.
"Penser réaliser l’alternance politique avec les auteurs de la prédation avilissante, c’est s’employer à vider l’eau du fleuve Congo avec une cuillère à café"
Chers Compatriotes,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Le message de ce 30 juin est principalement un vibrant appel pour la libération d’une démocratie confisquée et embrouillée, d'en haut, par les bourreaux du peuple, une certaine élite et les politiques, et caricaturée quotidiennement, d'en bas, par une population excessivement appauvrie et misérable en quête perpétuelle de son salut, d'un système politique sûr garantissant une prospérité et un bien-être durable à partager constamment avec les autres peuples de la planète.
Après deux révolutions manquées par le Mouvement Populaire de la Révolution (MPR), l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) et sa succession politique incarnée aujourd’hui par Joseph Kabila, le peuple congolais a droit à une vraie alternance plutôt qu’une nouvelle caste des privilégiés de la république ou un conglomérat d’aventuriers ou encore une dynastie. Car penser réaliser l’alternance politique avec les auteurs de la prédation avilissante, c’est s’employer à vider l’eau du fleuve Congo avec une cuillère à café.
Il faudra une alternance caractérisée par une révolution mentale et politique qui, avec un leadership efficace, obtiendra tranquillement le désarmement une à une des milices, des forces négatives ou des révoltés de l’injustice et des tortures sociales de l’État, afin de les entraîner vers un nouveau pacte social plus sécurisant à tous et une renaissance géopolitique et géostratégique de la RD Congo.
"La démarche vers cette alternance se résume en quatre points suivants: (1) constater et Proclamer officiellement la transition sans Joseph Kabilaè; (2) mettre en place des institutions transitoires dont Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi assurera la présidence pendant 2 ans; (3) organiser des élections véritablement libres, démocratiques inclusives au plus tard le 31 décembre 2021 en étroite collaboration avec la Communauté internationale et (4) fixer les objectifs et missions essentiels pour la réussite et le succès de l’alternance politique post-J. Kabila"
Chers Compatriotes,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Je lève un pan de voile et je réalise qu’une autre facette ou une autre lecture des résultats des élections ratées du 30 décembre 2018, notamment l’élection présidentielle, croisent le souhait ardent des populations congolaises et de la classe politique d’obtenir une transition sans Joseph Kabila. Ce qui constitue un premier pas à capitaliser dans l’accomplissement d’une alternance politique inclusive et le règlement des tensions sociopolitiques actuelles au pays.
Que faire aujourd’hui pour réussir l’alternance politique?
Aimer véritablement la RD Congo et les Congolais revient à admettre qu’il faille une thérapie de choc ou spéciale pour juguler la crise de légitimité, favoriser la cohésion nationale et le vivre-ensemble. La démarche vers cette alternance se résume en quatre points suivants :
- Constater et Proclamer officiellement la transition sans Joseph Kabila;
- Mettre en place des institutions transitoires dont Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi assurera la présidence pendant 2 ans;
- Organiser des élections véritablement libres, démocratiques inclusives au plus tard le 31 décembre 2021 en étroite collaboration avec la Communauté internationale;
- Fixer les objectifs et missions essentiels pour la réussite et le succès de l’alternance politique post-J. Kabila :
- Assainir le cadre politique par la réconciliation nationale, l’organisation d’une cérémonie purificatoire entre congolais, d’abord, et entre congolais et étrangers, ensuite;
- Procéder à l’état des lieux de toutes les lois promulguées depuis 1997 jusqu’à ce jour;
- Approfondir et Adopter la loi sur la double nationalité;
- Organiser le recensement administratif et consolider la démocratie par le respect strict de la régularité du cycle électoral de 5 ans ainsi que l’organisation, après 3 ans, au plus tard le 31 décembre 2021, des élections démocratiques, transparentes, libres, justes et inclusives);
- Élaborer un programme commun de gouvernement;
- Définir un cadre éthique de gouvernance économique et sociale
- Appliquer une véritable politique de redistribution des richesses sans laquelle aucun développement digne n’est envisageable et
- Instaurer la culture des convergences internationales par la normalisation, l’harmonisation et le réchauffement des termes de la coopération bilatérale et multilatérale dont les thématiques majeures telles que l’environnement ou le climat, l’activisme permanent face aux catastrophes naturelles, la lutte anti-pandémies, la lutte contre le terrorisme et le blanchiment des capitaux, les migrations et autres devraient occuper une place importante, mais sans reléguer les questions récurrentes se rapportant à l’économie, à la pauvreté, à la santé, à la sécurité, à l’éducation et à l’emploi.
Pour ce faire, sous le signe du renouveau, une rencontre entre acteurs politiques et Forces vives du pays et de l’étranger devra se tenir le plus rapidement possible, afin de discuter des modalités pratiques, des mesures et actions aux points 2, 3 et 4 et arrêter un chronogramme précis.
"Il faudra donc faire une politique davantage respectueuse du peuple : une politique généreuse à tous et saine pour tous, une politique qui soit plus propre que nous-même, nos mains, nos cœurs et nos esprits"
Chers Compatriotes,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
La RD Congo est aujourd'hui le plus grand paradoxe "élite, source de l'ignorance, de l'obscurantisme, de la décadence, de la petitesse et du malheur collectifs" : C’est l’élite malheureusement qui enseigne, éduque, corrompt, avilit et détruit. C’est aberrant et irrespectueux du peuple de clamer haut et fort combattre la pauvreté, la corruption et l’injustice, en laissant en fonction les fidèles des tortionnaires conduire les grandes entreprises et l’appareil judiciaire de la nation.
Dans ce contexte, « auditer l’État » se révèle l’exercice primordial pour rassurer le peuple congolais, du plus vieux chômeur au plus expérimenté travailleur.
Il faudra donc faire une politique davantage respectueuse du peuple : une politique généreuse à tous et saine pour tous, une politique qui soit plus propre que nous-même, nos mains, nos cœurs et nos esprits. Tout congolais est individuellement petit et vulnérable. Ensemble, nous sommes plus que grands et puissants.
Vive la République démocratique du Congo!
Vive le Peuple congolais!
Vive l’Alternance politique!
Fait à Durban, le 29 juin 2019
Pour Mission Nouvelle,
Alain Daniel SHEKOMBA OKENDE
Président.-