Madame Ligie Monko avait été abandonnée, dans un lieu isolé, vers l’Université pédagogique nationale (UPN), dans la commune de Ngaliema
En date du 15 février 2019, presqu’au croisement des avenues du Flambeau et des Sénégalais, proche de la gare centrale, à Kinshasa, Madame Ligie Monko, alors qu’elle revenait de son travail aux environs de 18 heures, avait été enlevée par des personnes en uniforme de la Garde spéciale de la sécurité présidentielle qui l’avaient violemment embarquée dans la voiture où elle a été cagoulée et emmenée vers une destination inconnue.
Avec insistance, ces personnes voulaient obtenir de leur otage des informations sur un certain Paul Muzadi et sa famille avec qui elle avait partagé le même toit dans un passé récent. Après, un interrogatoire serré et un long moment de sévices corporels lui infligés par ses bourreaux, Madame Ligie Monko avait été abandonnée, dans un lieu isolé, vers l’Université pédagogique nationale (UPN), dans la commune de Ngaliema. Avec de nombreux impacts de coups et blessures, l’otage relâché avait réussi à entrer en contact avec quelques passants qui l’avaient aidée à rejoindre nuitamment sa famille dans la détresse. Des soins lui avaient été administrés en toute urgence. Durant tout le temps où elle était restée avec ces malfaiteurs, elle avait entendu un nom qui était revenu plusieurs fois dans les échanges entre ces derniers : c’est celui de François Batumike.
Des personnalités influentes des milieux politiques et d’affaires utilisant aux fins personnelles les éléments de la police et de l’armée en toute impunité
Face aux menaces de mort à répétition et la montée des règlements de compte politique par meurtre dont les hommes ordinaires sont victimes et proies de la part des personnalités influentes des milieux politiques et d’affaires utilisant aux fins personnelles les éléments de la police et de l’armée en toute impunité, beaucoup de sujets congolais ne peuvent que s’enfuir du pays.
Une autre illustration éloquente, c’est le cas de la politisation d’un simple conflit en immobilier « Affaire Moïse Katumbi et Alexandro Stoupi » se rapportant substantiellement au stellionat. Pour sa fermeté manifeste et sa probité morale dans l’exercice de sa profession, le juge Jacques Mbuyi Lukasu du Tribunal de Grande Instance de Lubumbashi qui devait présider l’audience de cette affaire inscrite en appel, avait été, dans la nuit du 18 au 19 juillet 2017, à la veille de la séance, à son domicile, criblé de huit balles à l’abdomen et à la fesse droite, d’une part, et fracturé à la tête à la suite de violents coups de bouteille, d’autre part. Ces assaillants étaient cagoulés, en tenue de la Garde spéciale de sécurité présidentielle (GSSP), maquillés en noir, armées des fusils et bouteilles. Selon l’Institut de Recherche en Droits Humains (IRDH), Jacques Mbuyi Lukasu qui paraît très attaché au respect des droits humains aurait renâclé d’endosser un « jugement préétabli ». Se fondant sur des informations en sa possession, cette ONG note que les agresseurs et les commanditaires « seraient extrêmement fâchés ». Au motif que le magistrat n’aurait pas cédé aux « menaces verbales » et autres « pressions ».
Chose curieuse, en RD Congo, les enquêtes criminelles restent éternellement « en cours »
Difficilement, ce haut magistrat a été transféré, le 23 juillet 2018, à Johannesburg, en Afrique du Sud, pour des soins appropriés. Malheureusement, jusqu’au moment où est rédigé cet article, malgré l’intervention de haute portée humanitaire d’Amnistie Internationale, le juge Jacques Mbuyi Lukasu n’est jamais guéri de ce crime crapuleux : les séquelles physiques, physiologiques et psychologiques sont tellement importantes, profondes, remarquables et indélébiles. Chose curieuse, en RD Congo, les enquêtes criminelles restent éternellement « en cours ».
La tentative d’assassinat du juge Jacques Mbuyi Lukasu n’est pas sans rappeler le cas précédent vécu, sur la même « Affaire Moïse Katumbi et Alexandro Stoupi », au premier degré, par la juge Chantal Ramazani Wazuri du tribunal de Paix de Lubumbashi/Kamalondo qui avait jugé bon de s’enfuir du pays au lieu de prononcer un faux jugement. Elle vit présentement en asile dans un pays européen.