Coup de théâtre : en 2003, Jeannot Bemba devint sénateur inscrit sur la liste MLC, qualifié par ce dernier d’aventure sans lendemain du moment où il tirait profit du juteux ministère de l’économie nationale
Il y a des faits et gestes qui ne trompent pas en politique. En effet, les programmes de retour de deux candidats à la prochaine présidentielle en RD Congo ont attiré l’attention du public. Il s’agit du jeune leader du mouvement sociopolitique Mission Nouvelle et ancien président des étudiants de l’Université de Kinshasa, Alain Daniel Shekomba et du chairman du Mouvement pour libération du Congo, Jean Pierre Bemba, acquitté en appel devant la Cour pénale internationale, le 8 juin 2018, pour des charges de crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Alain Daniel Shekomba, surnommé « Lumumba Mis à jour » et inscrit dans la logique irréversible de changement du système politique avilissant entretenu successivement par les révolutions du 24 novembre 1965 et du 17 mai 1997, est allé se recueillir, en compagnie des jeunes de la région, sur le site de l’assassinat du Héros national Patrice Émery Lumumba à Tumbwe 2, dans le Haut Katanga, peu après son arrivée le 30 juillet 2018 à Lubumbashi par un régulier d’Éthiopian.
Président du Mouvement pour la libération du Congo depuis 20 ans dont 10 ans d’incarcération à la Haye, Jean Pierre Bemba avait prévu son retour au bercail par Gemena où il devait se recueillir devant la tombe de son père, Jeannot Bemba Saolona. Ce dernier avait été, non sans controverse, un des plus magnétiques personnalités aux sérails politiques et des affaires de la RD Congo. L’opinion congolaise et internationale se souviendra toujours du revirement spectaculaire de Jeannot Bemba Saolona du mobutiste du premier carré au Kabiliste propagandiste qui, dans le cadre de sa nouvelle job en 1999, demanda à son fils Jean-Pierre Bemba d’abandonner son aventure de rébellion MLC sans lendemain et de venir travailler pour le développement du pays aux côtés de Laurent-Désiré Kabila. Coup de théâtre : en 2003, Jeannot Bemba devint sénateur inscrit sur la liste MLC, qualifié par ce dernier d’aventure sans lendemain du moment où il tirait profit du juteux ministère de l’économie nationale. Étonnant, mais vrai. Une pratique honteuse toujours en vogue et encouragée même par une certaine population ignorante en RD Congo. La série de ce type de dramatisation et cirque politique est longue et sans fin : Kisombe Kiaku Muisi, grand homme d’affaire, excellent dealer, ministre des sports et loisir sous Mobutu déclara publiquement pince sans rire qu’il était Kabiliste plus que Laurent-désiré Kabila lui-même. Quoi de plus normal, un jour, un fils Kisombe devint plus Kabiliste que Joseph Kabila lui-même. Tel père, tel fils…De là comprendre également que tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute. Bel avertissement séculaire de Jean de la Fontaine.
Alain Daniel Shekomba a tenu à donner silencieusement une symbolique particulière en allant rencontrer son modèle politique Patrice Émery Lumumba dont le testament politique dénonce les injustices sociales, l’égoïsme, la mauvaise gouvernance et la violence sous toutes ses formes
En définitive, Jean Pierre Bemba, par son choix de commencer son séjour en s’inclinant devant la tombe de son père biologique à Gemena, a privilégié la relation familiale et les intérêts égoïstes comme il en a l’habitude depuis la deuxième république : cela augure la continuité de la prédation au Congo/Kinshasa, au cas où ce prisonnier en liberté provisoire remportait la prochaine élection présidentielle. Tandis que le bouillant Alain Daniel Shekomba a tenu à donner silencieusement une symbolique particulière en allant rencontrer son modèle politique Patrice Émery Lumumba dont le testament politique dénonce les injustices sociales, l’égoïsme, la mauvaise gouvernance et la violence sous toutes ses formes. Visiblement, en véritable candidat du renouveau, Alain Daniel Shekomba met l’intérêt général au centre de ses préoccupations.
Il appartient donc au peuple congolais, en général, et aux électeurs, en particulier, de savoir bien discerner les discours et gestes des politiques avant d’aller aux élections.