Les deux Vices-premier ministre condamnent « l’intervention des forces de l’ordre le 31 décembre et appellent à l’ouverture d’une enquête indépendante à cet égard, afin notamment d’établir les responsabilités individuelles
À l’issue d’une intervention à huis-clos ce mercredi 10 janvier 2018 devant la Commission des Relations extérieures de la Chambre pour exposer la politique belge à l’égard de la République démocratique du Congo (RDC), le Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères Didier Reynders et le Vice-Premier Ministre et Ministre de la Coopération au développement Alexander De Croo ont exprimé leur inquiétude sur la situation des droits de l’Homme en RDC et de l’insécurité dans plusieurs provinces de ce pays tout en évoquant particulièrement la recherche des ONGD y opérant, afin d’agir continuellement et efficacement en faveur des populations.
Les deux Vices-premier ministre condamnent "l’intervention des forces de l’ordre le 31 décembre et appellent à l’ouverture d’une enquête indépendante à cet égard, afin notamment d’établir les responsabilités individuelles. Ils sont convaincus que seules des élections crédibles offrent une issue, sachant que cela fait déjà plus d’un an qu’ont expiré les mandats constitutionnels au Congo. Les mesures prévues dans l’accord de la Saint-Sylvestre de 2016 pour réduire les tensions et ouvrir l’espace démocratique doivent de toute urgence être mises en œuvre. Les ministres soulignent qu’une volonté politique est nécessaire pour organiser des élections correctes. Ils rappellent que la Belgique est disposée à contribuer à des élections équitables et transparentes".
La Belgique souhaite cependant renforcer sa solidarité à l’égard de la population congolaise et affectera, pour cette raison, les moyens libérés au profit de l’aide humanitaire et d’autres initiatives répondant aux besoins les plus pressants de la population
"Les besoins humanitaires croissants et le changement de la situation politique imposent une révision fondamentale de notre coopération. Concrètement, il a été décidé de mettre fin à une série d’interventions qui devaient être mises en œuvre directement par les autorités congolaises. Cela concerne des interventions pour un montant total de 25 millions d’euros qui n’ont pas encore été signées ou qui ont déjà été temporairement suspendues. La Belgique souhaite cependant renforcer sa solidarité à l’égard de la population congolaise et affectera, pour cette raison, les moyens libérés au profit de l’aide humanitaire et d’autres initiatives répondant aux besoins les plus pressants de la population", ajoute ce communiqué.
Dans le même registre, les deux adjoints au premier ministre belge ont rassuré que "l’aide humanitaire à la RDC se trouvera de cette manière augmentée à 25 millions d’euros. En parallèle, davantage de coopération avec des organisations non-gouvernementales sera recherchée. Enabel, la nouvelle agence belge de développement, recevra également la mission de soutenir des organisations de la société civile congolaise sur le plan des droits de l’homme et des libertés politiques. Enfin, un nouveau programme bilatéral de coopération avec les autorités congolaises ne pourra être conclu qu’après l’organisation d’élections crédibles, sur base des principes de bonne gouvernance".
Bien que cela ne soit pas toujours évident, la Belgique reste en contact avec toutes les parties : la majorité, l’opposition et la société civile
Par une note de neutralité entre parties en présence sur l’arène politique congolaise, le communiqué conjoint se termine en soulignant que "la Belgique demeure un partenaire engagé de la République démocratique du Congo. Bien que cela ne soit pas toujours évident, la Belgique reste en contact avec toutes les parties : la majorité, l’opposition et la société civile. Les ministres placeront le Congo sur l’agenda international européen, aussi pour demander de l’attention aux besoins humanitaires de la population. Ils continueront à se concerter avec les partenaires internationaux et les pays de la région".
En d’autres termes, la Belgique renonce définitivement à la coopération structurelle, mais elle la concentrera sa coopération directement en faveur du peuple congolais si éprouvé et laissé pour compte par le régime indifférent et dictatorial de Joseph Kabila. Partant, la Belgique ne signera un nouvel accord de coopération au développement qu’avec le gouvernement qui découlera d’élections libres et transparentes.
Le gouvernement Kabila a démontré clairement à la face du monde que le développement ne l’intéresse pas : toutes les ressources et les énergies sont essentiellement mobilisées pour la répression et le chaos contre le peuple congolais
Néanmoins, le gouvernement belge s’emploiera à achever les programmes en cours avec les partenaires congolais dans les domaines de l’agriculture, de la santé et des infrastructures de base pour ne pas pénaliser les populations bénéficiaires. Tous les montants resteront acquis par l’entremise des ONG et de nouveaux fonds seront davantage alloués dans le cadre de l’aide humanitaire.
Depuis assez longtemps, le gouvernement Kabila a démontré clairement à la face du monde que le développement ne l’intéresse pas : toutes les ressources et les énergies sont essentiellement mobilisées pour la répression et le chaos contre le peuple congolais. Ainsi, la Belgique est plus que jamais solidaire du peuple congolais et veut le prouver avec force pendant cette période cruciale et de très basse conjoncture.