Selon le verdict rendu en mars par la CPI, M. Bemba n'a pas pris "toutes les mesures nécessaires et raisonnables" pour éviter ces crimes alors qu'il disposait d'un "contrôle effectif" sur ses hommes
Ce 21 juin 2016, par la Chambre de première instance III, la Cour pénale internationale (CPI) a condamné l'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba à 18 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité en Centrafrique. Avec cette peine – historique à de nombreux égards – la CPI condamne pour la première fois un commandant militaire, en vertu du principe de la "responsabilité du commandant", ainsi que l'utilisation de viols et violences sexuelles en tant que crimes de guerre. Déclaré coupable le 21 mars de la vague de meurtres et de viols commis par sa milice en Centrafrique entre octobre 2002 et mars 2003, Jean Pierre Bemba devient ainsi la personnalité la plus haute placée à écoper d'une condamnation de la CPI.
Les experts ont démontré que les hommes de Bemba ont violé avec la volonté de terroriser et de torturer, s'en prenant indifféremment aux hommes, femmes et enfants et forçant parfois leurs victimes à assister aux viols de leurs proches.
La condamnation de Jean Pierre Bemba par la CPI est également une conséquence de la concentration et de la centralisation excessive du pouvoir au sein du mouvement politico-militaire MLC
Poursuivi non en tant qu'auteur ou co-auteur, mais en tant que "chef militaire", Jean-Pierre Bemba est tenu pour responsable de ces atrocités, même s'il ne les a pas ordonnées. Selon le verdict rendu en mars par la CPI, M. Bemba n'a pas pris "toutes les mesures nécessaires et raisonnables" pour éviter ces crimes alors qu'il disposait d'un "contrôle effectif" sur ses hommes.
La condamnation de Jean Pierre Bemba par la CPI est également une conséquence de la concentration et de la centralisation excessive du pouvoir au sein du mouvement politico-militaire MLC, version originale : tous les quatre organes de ce mouvement étaient sous la botte pointue de Jean Pierre Bemba, président, responsable du conseil politico-militaire de la libération, présidant le secrétariat général et commandant en chef l’armée de libération du Congo (ALC). Bref, Jean-Pierre Bemba était le chef de la branche politique et le commandant en chef de l’Armée de libération du Congo. Il en paie lourdement le prix aujourd’hui.
Comme tous les autres partis politiques de la RD Congo, le MLC fonctionne aussi en mode « chef coutumier » qui permet à Jean-Pierre Bemba de continuer à remplir ses fonctions de président-fondateur à partir d’un local de 10 m² situé à La Haye, à 6.356,50 km de Kinshasa, la capitale de la RD Congo.
Pendant les prochains 10 ans, Jean Pierre Bemba ne pourra être libre que dans sa cellule de 10 m² à La Haye!
Par ailleurs, indiquant que le président de son parti, sénateur et ancien vice-président congolais, bénéficie toujours du droit de faire appel, la secrétaire générale du MLC, Ève Bazaiba Masudi devra prendre le courage de deux mains pour tracer des perspectives nouvelles d’un MLC sans chairman Jean Pierre Bemba pendant près de 10 ans. Les statuts actuels de ce parti né armé sont clairs en leur article 42 : « Le Président du Parti est élu par le Conseil des Représentants à la majorité absolue des suffrages exprimés pour un mandat de 5 ans renouvelable ». Le 23 juillet 2011 une élection fantaisiste a été organisée pour reconduire Jean Pierre Bemba à la présidence de ce parti, espérant voir ce dernier recouvrer rapidement sa liberté et rejoindre ses camarades, afin de poursuivre ses activités politiques. C’est aussi regrettable qu’en l’espace de 2 ans, autour de la libération de Jean Pierre Bemba, trop de promesses fallacieuses ont été enregistrées des bouches autorisées de ce parti. Que des promesses de gascon! Ce qui décourage davantage les militants et sympathisants de Jean Pierre Bemba.
Triste sort : pendant les prochains 10 ans, Jean Pierre Bemba ne pourra être libre que dans sa cellule de 10 m² à La Haye.