La situation socio-économique ne s’améliore pas en dépit de la croissance macro-économique qui s’établit à 9%
Le président de la république démocratique du Congo (RD Congo), Joseph Kabila vient de promulguer le 31 décembre 2015 à Kinshasa le budget de l’État pour l’exercice 2016. Sous d’autres cieux, c’est le moment où les journalistes, analystes des politiques sociales et culturelles, économistes, financiers et banquiers se lèvent ou lèvent le ton pour décortiquer le budget chapitre par chapitre et en déterminer les retombées positives et négatives sur le plan socio-économique. Les spécialistes de l’éducation seraient en train d’analyser l’impact du budget sur la qualité de l’éducation ; ceux de la santé en feraient de même pour mesurer l’impact du budget sur l’accessibilité aux soins et la qualité des soins et des infrastructures de santé. Les spécialistes du monde de travail s’appesantiraient sur le nombre d’emplois qui seraient créés ainsi que l’impulsion que donnerait le présent budget quant à l’émergence des débouchés d’emplois dans le secteur primaire, secondaire et tertiaire. Hélas ! Quand le pays perd la boussole, tous les habitants deviennent comme des moutons de panurge.
Dans le présent article, nous nous livrons à une analyse simple qui ne soit ni économique, ni démographique pour que le commun des mortels comprenne pourquoi la RD Congo est réellement un pays sous-développé ; et de montrer à partir d’un indicateur très simple, que la situation socio-économique ne s’améliore pas en dépit de la croissance macro-économique qui s’établit à 9%. Pour y arriver, examinons le tableau comparatif suivant entre le Québec (une province du Canada) et la RD Congo.
|
Québec |
République démocratique du Congo |
Situation administrative |
Province |
Pays entier |
Superficie |
1.542.056 km2 |
2.345.409 km2 |
Population |
~ 8 millions d’habitants |
~ 70 millions d’habitants |
Budget |
Dépenses consolidées : 98,574 millions $ CAN (~70 milliards $ US) |
9 milliards $ US |
Taux de chômage |
~8% |
~96% |
Le budget de la R.D. Congo est approximativement le dixième du budget du Québec alors que sa population est de loin plus nombreuse que celle du Québec!
L’analyse de ce tableau succinct permet de ressortir les constatations suivantes :
- La R.D. Congo est un pays alors que le Québec est simplement une province à l’intérieur de la fédération du Canada ;
- La R.D. Congo est de loin plus large en superficie comparée à la province du Québec qui est tout de même la 2ème province du Canada en terme de superficie ;
- La population de la R.D. Congo est près de 10 fois plus élevée que la population de la province du Québec. A cela il faut ajouter que la population du Québec est très vieillissante alors que celle de la R.D. Congo est très jeune, constituant ainsi une main-d’œuvre bon marché qui, bien encadrée au plan national, peut être un véritable moteur de développement économique au moment où tous les intellectuels africains sont entrain de claironner le slogan de « dividende démographique » sans analyser en profondeur les jalons ou les prémisses de l’accomplissement de ce nouveau cri du cœur des Nations Unies ;
- Le budget de la R.D. Congo est approximativement le dixième du budget du Québec alors que sa population est de loin plus nombreuse que celle du Québec d’une part, et d’autre part, en tant que pays sous-développé, la R.D. Congo a plus de besoins en termes de développement dont: les infrastructures routières ; les écoles et universités; les hôpitaux et centres de santé ; les petites et moyennes entreprises ;les usines d’extraction des ressources minières, du pétrole, du gaz ; le développement du tourisme ; l’industrie de l’art, de la culture, et du cinéma ; les infrastructures aériennes ; les ports et les infrastructures maritimes ; les équipements pour l’armée et la défense nationale ; la production, le transport, et la distribution de l’électricité sur le territoire national, et l’exportation de l’électricité, etc.
Bref, tous les secteurs de la vie nationale devraient se prononcer, même si cela n’avait pas nécessairement et à juste titre une influence directe sur l’adoption du budget, sur les retombées de ce budget. Ce budget pose également la question fondamentale de la mobilisation des recettes au niveau de l’État car il ne justifie pas que la R.D. Congo avec toutes ses richesses soit incapable de mobiliser un budget qui puisse transformer avec un peu de volonté politique le bien-être de ses populations de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud en passant par le Centre. Quel est cet espace de la R.D. Congo qui soit pauvre et qui ne soit pas capable de produire une richesse transformatrice pour sa population ? Le Québec ne vend-t-il pas son électricité ? Que font toutes ces richesses de la faune et flore en R.D. Congo pour que l’industrie touristique soit la plus pauvre du continent africain ? Kinshasa la capitale avec plus de 10 millions d’habitants (un peu plus que la population du Québec) ne possède même pas des hôtels de qualité, avec une infrastructure moderne et des salles de conférences, et du personnel bien entraîné pour accueillir des sommets nationaux et internationaux. En plus du fait que l’infrastructure routière laisse à désirer et que la situation sécuritaire est tellement répulsive que les organisations tant nationales qu’internationales ont peur de se réunir à Kinshasa ? Sous d’autres cieux, tout cela constituerait des sources d’entrées qui viendraient d’une façon ou d’une autre gonfler les caisses de l’état à travers les taxes d’une part, mais aussi créerait des emplois pour tous ces jeunes qui sortent des collèges et universités et dont le seul souci est de travailler et créer la richesse.
Les parlementaires doivent être plus sérieux et ils doivent éviter les discussions partisanes car ils n’ont pas été élus pour sauver un premier ministre qui veut s’accrocher au pouvoir en examinant objectivement le budget avec toutes les retombées positives et négatives en ayant un regard sur le bien-être des populations, leurs électorats.
Les journalistes et autres analystes économiques, sociaux, politiques, et culturels doivent aussi faire des analyses objectives pour faire ressortir les forces et les faiblesses du budget avec des éléments plus justes en ayant l’intérêt supérieur de la nation à cœur.
Zacharie Tsala Dimbwene, Phd