Selon les Nations-Unies, six éléments sont essentiels pour qu’un pays, une région, la planète soit à mesure de livrer la marchandise entendue ici les ODD.: la dignité, la prospérité, la justice, le partenariat, la planète et les hommes
Les chefs d’États et des gouvernements se sont réunis à New York aux États-Unis du 25 au 27 septembre 2015 pour, d’une part, évaluer les avancées des Objectifs du Millénaire (ODM) fixés 15 ans auparavant, et, d’autre part, décider selon un nouveau cadre conceptuel l’avenir de notre planète. Ce cadre conceptuel devenu très populaire dans le monde politique et scientifique n’est rien d’autre que les « Objectifs du Développement Durable (ODD) ».
Comme au moment où le monde averti apportait ses premières semences dans la mondialisation/globalisation, l’Afrique n’avait rien à offrir sinon que passer comme une observatrice (passive) qui devait occuper les chaises des assemblées internationales sans donner de la voix constructive. Aujourd’hui, la même question se pose : « L’Afrique est-elle prête à faire avancer au sein des nations les ODD ? » qui se veut un cadre conceptuel global et inclusif afin d’éliminer les injustices et les inégalités d’ici 2030.
Selon les Nations-Unies, six éléments sont essentiels pour qu’un pays, une région, la planète soit à mesure de livrer la marchandise entendue ici les ODD. Il s’agit des éléments ci-après: (1) La Dignité: Éliminer la pauvreté et combattre les inégalités, (2) La Prospérité: Poursuivre une économie forte, inclusive et transformative, (3) La Justice: Promouvoir des sociétés où règnent la paix et la sécurité, ainsi que des institutions fortes, (4) Le Partenariat: Catalyser une solidarité globale pour un développement durable, (5) La Planète: Protéger nos écosystèmes pour toutes les sociétés et nos enfants, (6) Les Hommes: Assurer des vies saines, la connaissance, et l’inclusion des femmes et enfants.
L'élément essentiel pour l’atteinte des ODD demeure la bonne gouvernance, vue sous l’angle de la « reddition des comptes » (en anglais: accountability)
Un inventaire des capacités institutionnelles, politiques et économiques indiquent que l’Afrique va avoir du mal, durant les 15 prochaines années, à atteindre les ODD. En effet, l'élément essentiel pour l’atteinte des ODD demeure la bonne gouvernance, vue sous l’angle de la « reddition des comptes » (en anglais: accountability). Bien que certains pays africains aient fait des avancées majeures en termes de démocratie, de gouvernance, la plupart d’entre eux reste dominés par des hommes forts plutôt que des institutions fortes. Comment l’Afrique va-t-elle atteindre les ODD avec des hommes forts? Il suffit d’observer ce qui se passe au Burkina Faso, au Burundi, au Congo-Brazza, au Congo-Kinshasa pour comprendre qu’il est quasi impossible de parler dans 15 ans des pays où règnent la paix et la sécurité. Quels mécanismes la fameuse communauté internationale va-t-elle déployer pour espérer ramener la paix dans les cœurs des hommes et des femmes habitués à cultiver la guerre et la désolation?
... que les jeunes soient bien formés, mais aussi soient en emplois
Pour poursuivre la réflexion, au moment où de plus en plus on parle de dividende démographique, un avantage économique par nature transitoire dont dispose un pays en cours de transition démographique, des questions restent posées sur la façon dont les pays africains vont capitaliser pour réduire la pauvreté, avec des enfants armés et combattants dans les conflits, une jeunesse mal ou peu formée et davantage désœuvrée. Cette question est éminemment politique car il implique que soient créées les conditions nécessaires mais aussi suffisantes pour que la fécondité baisse rapidement autant que la mortalité. Cela suppose que les jeunes soient bien formés, mais aussi soient en emplois.
Comment des hommes et des femmes qui regardent leurs dirigeants comme des ennemis vont-ils accrocher aux idées de leurs gouvernants pour bâtir des sociétés justes et prospères?
Comment l’Afrique va-t-elle été capable d’effectuer un virage à 180 degrés afin d’insuffler des énergies dans les cœurs des hommes et des femmes découragés par la grande misère du monde, et qui ne rêvent que grimper dans des embarcations de fortune pour traverser de l’autre côté du paradis, au gré de hautes vagues et marées? Comment des hommes et des femmes qui regardent leurs dirigeants comme des ennemis vont-ils accrocher aux idées de leurs gouvernants pour bâtir des sociétés justes et prospères? Autant des questions qui restent sans réponses malgré les vœux des ODD.
Tout compte fait, l’élément fondamental pour espérer la réalisation des ODD reste la « bonne gouvernance ». L’Afrique doit opérer une cure mentale et spirituelle dans le chef de ses dirigeants et ses collectivités et regarder dans le respect vers un idéal collectif pour espérer ces sociétés justes et égalités prêchées par les ODD.
Zacharie Tsala Dimbuene, Phd