Quelles sont ses idées et comment compte-t-il diriger la RD Congo, un pays à mille et un défis de complexité exceptionnelle?
Noël K. Tshiani Muadiamvita, haut fonctionnaire à la Banque mondiale, ambitionne de devenir le prochain président de la République démocratique du Congo, à l'issue des élections de novembre 2016. Mais qui est ce monsieur devenu subitement médiatique et énigmatique? Quelles sont ses idées et comment compte-t-il diriger la RD Congo, un pays à mille et un défis de complexité exceptionnelle?
Pour beaucoup de gens, Noël Tshiani n'est pas politique, mais technocrate. Il est différent des politiciens congolais traditionnels en ce sens qu'il n'est hanté pas par la logique dévastatrice, suicidaire et contre-républicaine du pouvoir pour exclusivement le pouvoir. Le pouvoir-service et le pouvoir-obligation des résultats positifs feraient mieux son crédo, jusqu'à preuve du contraire : Haut fonctionnaire à la Banque Mondiale depuis deux décennies, Noël K. Tshiani a été représentant-résident et Chef de Mission dans plusieurs pays d’Afrique, dont le Tchad et Chef de Mission pour le Mali, le Cameroun et les îles du Cap Vert, où il a accompagné le redressement spectaculaire de l’économie. Ce Congolais de souche nourrit maintenant d’autres grandes ambitions pour son pays car il envisage aujourd’hui de se présenter comme candidat à la présidence de la République lors des prochaines élections, toujours prévues pour novembre 2016.
Avec son expérience professionnelle, Noël Tshiani est capable de relever les principaux défis du développement qui se posent au pays
Pour cela, il doit présenter ses lettres de créances sur plusieurs plans. Le plus facile, ce sont les compétences professionnelles. Sur ce plan, Noël Tshiani n’a rien à craindre, ses états de service à la Banque mondiale et auparavant à la Citibank, la Republic National Bank of New York et JP Morgan Chase donnent l’image d’un économiste rigoureux, spécialiste des questions monétaires et bancaires. Il connaît par cœur les statistiques internationales qui, pour lui, illustrent les échecs de son pays : « suivant l’indice de développement humain, (IDH) le Congo vient en avant dernière position, d’après Transparency International, il est l’un des plus corrompus, sur le classement de Doing Business qui juge le climat des affaires, il est 184eme sur 189 et d’après le panel des experts africains, 85% des ressources minières échappent à la fiscalité de l’État. Par rapport aux potentialités, le budget de l’État (9 milliards de dollars) apparaît dérisoire, d’autant plus que la présidence consomme 153% du budget qui lui est accordé et la Primature 205%… »
Avec son expérience professionnelle, Noël Tshiani est capable de relever les principaux défis du développement qui se posent au pays : « assurer la paix et la sécurité, améliorer la gouvernance et combattre la corruption, reformer l'armée et la police, générer une croissance économique inclusive, combattre le tribalisme et le favoritisme, faire diminuer la pauvreté en milieu rural, établir l’accès de tous à l’eau et à l’électricité, construire des infrastructures de b base (routes, autoroutes, chemins de fer, hôpitaux, des écoles, universités, ponts, logements, métro-rails, aéroports, ports.....). Favoriser le développement équilibré des provinces. Restaurer la dignité et la fierté d'être congolais. Et surtout améliorer la climat des affaires et assainir l’environnement économique….Revoir le Code minier certes, mais surtout envoyer des vérificateurs fiscaux afin que les impôts dus soient correctement payés.
Le sous-sol congolais compte 1.100 minerais et métaux précieux différents d'une valeur estimée a 24.000 milliards de dollars et dont à peine une trentaine sont exploités
Le potentiel de développement
Noël Tshiani espère mettre à profit son expertise et son réseau de contacts pour mettre en valeur le potentiel économique du pays pour accélérer le développement. Le sous-sol congolais compte 1.100 minerais et métaux précieux différents d'une valeur estimée a 24.000 milliards de dollars et dont à peine une trentaine sont exploités. Le pays a 120 million d'hectares de terres arables dont seulement 5 pour cent sont utilisés pour l'agriculture et l'élevage. La RDC détient les réserves de forêt les plus importantes du monde après le Brésil. Elle a d'importantes réserves de pétrole dont les quantités et les niveaux ne sont pas encore connus de façon exhaustive comme le démontre la récente découverte du pétrole dans le parc de Virunga. Le pays a un potentiel hydroélectrique de 100.000 mégawatts dont seulement 1000 sont utilisés. La liste d'énergies renouvelables non encore suffisamment exploitées inclut l'énergie solaire, la biomasse, l'énergie éolienne, le gaz méthane, la géothermie, le charbon et l'énergie nucléaire.
Un peu d'histoire
En 1998, Noël Tshiani est appelé par le président Laurent-Désiré Kabila pour occuper le poste de Gouverneur de la Banque Centrale du Congo. En attendant la nomination effective, il co-préside la commission de réforme de la monnaie nationale. Le travail est fait, il présente les conclusions au président de la République et convainc celui-ci à ne pas placer son effigie sur les billets de franc congolais nouvellement conçu. Il tente aussi de le persuader à accorder l'indépendance à la Banque centrale du Congo dans la conception et la mise en œuvre de la politique monétaire.
La prophétie de Noël Tshiani s'est réalisée au point que le dollar américain a envahi les rues du pays avec la dollarisation qui représente 95% de l'économie congolaise, ne laissant à la monnaie nationale qu'un rôle marginal
Lorsque le temps de nomination arrive, Laurent-Désiré Kabila, sous pression de la clique de politiciens avec une connotation ethnique, nomme Jean Claude Masangu gouverneur de la Banque Centrale du Congo et propose à Noel Tshiani de devenir le vice-gouverneur de l'institut d'émission. La réplique ne s'était pas fait attendre. Sur place, Noël Tshiani rejette cette nomination et explique au président de la République qu'il regagnait immédiatement ses fonctions à la Banque mondiale à Washington, étant donné qu'il ne voyait pas comment une banque centrale démunie d'un minimum d'indépendance pouvait réussir la délicate mission de sauvegarder la valeur de la monnaie nationale.
Le Franc congolais est lancé le 30 juin 1998 à la valeur de 1 dollar égal à 1,3 Franc congolais ou un Franc Congolais égal à 72 cents d'un dollar américain. Noël Tshiani prédit à l'époque que la monnaie gérée dans ces conditions ne ferait pas long feu. Le temps lui a donné raison car aujourd'hui, au taux d'un dollar égal a 920 Francs, un Franc congolais n'achète que zéro cent d'un dollar, c'est-à-dire que la monnaie congolaise d'aujourd'hui ne vaut rien par rapport à sa valeur en 1998 (la stabilité du cadre macroéconomique depuis les 3 dernières années n'amène aucunement l'amélioration du niveau de vie de la population dont les salaires sont payés dans une monnaie sans valeur réelle). La prophétie de Noël Tshiani s'est réalisée au point que le dollar américain a envahi les rues du pays avec la dollarisation qui représente 95% de l'économie congolaise, ne laissant à la monnaie nationale qu'un rôle marginal.
Il faut admettre que, faisant partie du grand stock de compétences de la RD Congo ne fonctionnant qu’en application des règles éthiques, Noël Tshiani appartient à une classe à part. Il n’y a pas beaucoup de personnes qui auraient refusé le poste de vice-gouverneur de la Banque Centrale du Congo et tous les privilèges auxquels cela donne droit, pour des raisons de principe et parce que les conditions entourant la nomination n'auraient pas permis de réussir la mission confie à l’institut d'émission. Voilà l'homme qui met l’éthique et l'intérêt du pays avant ses propres intérêts.
En faveur des principaux victimes de l’injustice et de la fraude électorales lors des présidentielles de 2006 et 2011, il réserve une place de choix dans son agenda
Homme nouveau
Lorsqu'il est en RD Congo, Noël Tshiani fréquente la majorité au pouvoir, l'opposition et la société civile. Dans la majorité au pouvoir, il parle aisément avec Aubin Minaku et autres personnalités ouvertes. Comme il le dit, il ne faut jamais rater l'occasion de prodiguer des conseils si cela peut éviter au pays une situation non souhaitée.
Depuis l'annonce par les journaux de Kinshasa (le Potentiel, Africa News, La Prospérité et le Phare) de l'imminence de la candidature de Noël Tshiani à la présidence de la République démocratique du Congo, l'homme a pris des initiatives qui le confirment comme un homme nouveau sur la scène politique congolaise. En faveur des principaux victimes de l’injustice et de la fraude électorales lors des présidentielles de 2006 et 2011, il réserve une place de choix dans son agenda.
Ses rencontres avec le président élu Etienne Tshisekedi wa Mulumba – selon une grande opinion congolaise - en Avril et Juillet 2015 à Bruxelles ont démontré qu'il était prêt à prendre le risque en faisant ce qui est bien pour le pays, peu importe l'opinion publique ou l'opinion d'un camp quelconque. Ces rencontres applaudies par la majorité des congolais ont été interprétée par la majorité au pouvoir comme un rapprochement de Noël Tshiani avec le camp politique de l'opposition ou aussi comme une distance par rapport au camp de la kabilie. Interrogé sur la question, Noël Tshiani réplique que de telles interprétations sont fausses car pour lui, il faut rassembler au lieu de diviser les Congolais. Et pour rassembler, il faut aller vers les autres et dialoguer au lieu de s'enfermer dans un camp. Depuis ces rencontres devenues historiques, plusieurs personnalités congolaises ont suivi le pas de Noël Tshiani en défilant une après l'autre à Bruxelles pour rencontrer le leader de l’UDPS. Ainsi, Noël Tshiani aura le mérite d'avoir montré le chemin et suscité l'envie et le désir de beaucoup de se faire recevoir par le président véritablement élu en novembre 2011.
Ceux qui pensaient que Tshiani n’allait se limiter qu’à la rencontre avec Etienne Tshisekedi wa Mulumba, président de l'UDPS déchantent aujourd’hui. Le banquier international, venu de Washington et devenu un animal politique de talent, vient de faire deux autres coups inhabituels en rendant visite au Sénateur Jean Pierre Bemba Gombo dans la prison de Scheveningen, à La Haye au Pays Bas. Pour la première fois, un congolais soulève la question de l'injustice de la cour pénale internationale qui renferme en prison pendant sept ans un citoyen congolais sans verdict du jugement. Sans remettre en cause la coopération entre la RD Congo et la CPI telle que prévue dans les statuts de Rome de juillet 2003, Noël Tshiani estime que le système de justice de la RD Congo doit être profondément restructuré de façon à être compétent et au niveau des standards internationaux pour que le pays soit en mesure de juger tous les cas judiciaires, y inclus les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité. Si la RD Congo arrive à ces standards au niveau du code pénal congolais et de la distribution de la justice nationale, le pays n'aura plus besoin de livrer ses ressortissants à la CPI comme c'est le cas actuellement. Il en va de la crédibilité du pays et du respect de son peuple.
A Kinshasa, Noël Tshiani est à l'aise avec la famille politique au pouvoir à qui il n'hésite pas de donner des conseils pour que le pays fasse mieux que ce qu'il est aujourd'hui
Du coup, Noël Tshiani est un homme nouveau ayant une vision qui sort de l'ordinaire. Un homme qui rassemble au lieu de diviser. Un homme qui met les intérêts du pays et de ses concitoyens avant ses propres intérêts. Un homme qui ne se limite pas aux actions à l'intérieur d'un seul parti politique, mais va au-delà la sagesse conventionnelle de rivalité entre différents courants politiques pour chercher le bien collectif.
La rencontre entre Noël Tshiani et Jean Pierre Bemba marque beaucoup de points pour cet homme différent de l'homme politique congolais ordinaire. A Kinshasa, Noël Tshiani est à l'aise avec la famille politique au pouvoir à qui il n'hésite pas de donner des conseils pour que le pays fasse mieux que ce qu'il est aujourd'hui. Il a félicité le gouvernement pour une croissance économique de 9% par an, mais reste très critique en estimant que le pays peut mieux faire, étant donne les immenses ressources et si la gouvernance peut être profondément améliorée. Ses conseils sont apparus dans des interviews tant audio-visuelles que dans des journaux. C'est ainsi qu'il a souvent pris position sur des questions telles que la dollarisation de l'économie nationale, le manque d'indépendance de la politique monétaire, la nécessité d'avoir un dialogue inclusif sous la facilitation internationale, la nécessité de respecter les mandats constitutionnels, le besoin d'une bonne gouvernance et l’exigence ardente de lutter contre la corruption pour doter le pays d'un budget national à la hauteur des ambitions de développement et, enfin, le besoin pour la RD Congo d'avoir une vision de développement à long terme.
En toute modestie et à chaque occasion, au-delà de la majorité au pouvoir, Noël Tshiani côtoie davantage les ténors de l'opposition dont Vital Kamerhe, Martin Fayulu, Albert Moleka, Léon Kengo wa Dondo et tant d'autres. Dans la société civile, l'homme ne rate aucune occasion de converser avec celui qu'il considère comme le « Supérieur hiérarchique » de son église catholique: le Cardinal Laurent Monsengwo" et tant d'autres leaders des confessions religieuses, des associations professionnelles, des syndicats et des associations d'étudiants. Soucieux du bien-être des Congolais, il visite les écoles, les hôpitaux, les entreprises privées et publiques, les banques, les mamans vendeuses, les paysans dans les milieux ruraux, les cambistes de rue, les étudiants. Au finish, Noël Tshiani semble être un véritable homme du peuple. Il se sent à l'aise avec les Congolais. Il donne l’impression d’aimer ces derniers et leur pays, la RD Congo. C'est un nationaliste mondialisant qui veut mieux faire et cherche à être utile à tous ses compatriotes.
Un précieux investissement en faveur de la République
Contrairement à beaucoup de politiciens qui ont versé dans la mauvaise gouvernance et dans la corruption, cet homme nouveau et neuf est propre et peut se targuer d'avoir évolué dans des systèmes et structures remarquables avec des règles, procédures et pratiques de bonne gouvernance. De la JP Morgan Chase à New York à la Banque mondiale à Washington, Noël Tshiani aura acquis une expérience professionnelle très enviable après avoir fréquenté certaines de meilleures universités de la planète telles que Harvard Université à Boston, Adelphi University à New York, Université de Paris IX Dauphine, l'Institut Supérieur de Gestion à Paris, l'Université de Grenoble et l'Université de Liège.
Voilà un produit congolais qui représente de l'argent bien investi et qui peut maintenant générer une meilleure rentabilité pour la RD Congo
Pour faire des études dans ces différentes universités étrangères, Noël Tshiani avait bénéficié d'une bourse d'études du gouvernement congolais : une bourse d'études obtenue sur base de mérite ! Voilà un produit congolais qui représente de l'argent bien investi et qui peut maintenant générer une meilleure rentabilité pour la RD Congo. Avec ce background, l'on comprend aisément le motif pour lequel, dans son discours politique, Noël Tshiani parle de la nécessité de créer des opportunités pour tous les fils et toutes les filles de la RD Congo. En particulier, il estime qu'il faut rendre l'enseignement obligatoire en RD Congo pour les enfants de 6 à 17 ans (filles et garçons en égalité des chances), afin de promouvoir l'inclusion sociale et préparer la qualité des ressources humaines du pays.
Au finish
Noël Tshiani est un Homme nouveau avec une autre vision de développement du pays. Il est soucieux du bien-être de la RD Congo et des Congolais. Un Homme qui veut et peut rassembler les Congolais autour d'un objectif commun de reconstruction nationale et de développement durable au-delà des clivages politiques et ethniques, dans la paix et la stabilité retrouvées. Noël Tshiani est aussi un homme qui reconnait les performances du Gouvernement en place tout en insistant que le pays peut mieux faire sous un nouveau leadership, une nouvelle vision et une gouvernance appropriée à une crise aigüe et multiforme : un homme et un esprit qui pensent qu'il est possible de trouver des gens compétents et intègres dans la majorité au pouvoir, dans l'opposition et la société civile, afin de constituer une masse critique pour gérer et reconstruire le pays. Noël Tshiani est autant égal à cet homme qui croit que, pour la stabilité à long terme du pays, il faut sécuriser le président sortant ainsi que sa famille biologique et politique après la date fatidique du 19 décembre 2016 lorsqu'il y aura passation civilisée du pouvoir d’État: une première dans l’histoire de la RD Congo tant attendue par l’opinion congolaise et internationale. Noël Tshiani proclame son profond respect et son admiration hors pair envers Etienne Tshisekedi wa Mulumba et le patriarche Antoine Gizenga à qui il pense, au moment venu, réserver une place de choix dans les annales de l’histoire du pays, en reconnaissance de leur lutte pour l'avènement de la démocratie en RD Congo. Il pense, en définitive, qu'il est nécessaire d'avoir la paix autant à l’intérieur du pays et qu’avec les pays voisins pour que la RD Congo puisse davantage se concentrer sur son développement.