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Grand témoignage

Août 1998 en RDC : « Cent Tambours Mille Trompettes » s’en souvient…

 

Le 17 mai 1997, la Révolution de l’AFDL mit fin à la dictature à la fois décadente, corrompue et anachronique de MOBUTU et instaura la démocratie directe dans le pays en muselant systématiquement tous les partis politiques. Quelques mois seulement avaient suffi pour mettre à  nu le vrai visage de ce régime hybride et démontrer que le pouvoir du 17 mai n’était pas l’œuvre des seuls Congolais. Les leviers de commande aux plans politique, militaire, diplomatique et sécuritaire furent entre les mains des étrangers. A la place d’un pouvoir démocratique, on assista, en réalité, aux manifestations d’un régime monolithique, autoritaire, utilisant la force comme méthode essentielle du gouvernement. Le savoir, le pouvoir et l’avoir étaient confisqués par une infime minorité oligarchique savamment organisée et essentiellement constituée des étrangers. Soucieux de libérer le pays de ce joug étranger sur le sol congolais, M’zee Laurent-Désiré KABILA mettra en branle le processus de récupération de tous les attributs de souveraineté encore entre les mains des étrangers. Celui-ci se solda par l’évacuation, du sol congolais, des forces militaires rwandaises et ougandaises ainsi que des conseillers militaires de celles-ci. Le tout fut clôturé par la liquidation de l’AFDL au profit de la création des CPP (Comités du Pouvoir Populaire), trahissant ainsi les accords de LEMERA. Conséquence : le 02 août 1998, 14 mois après la prise de Kinshasa, le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, sous prétexte d’assurer la sécurité de leurs frontières respectives et au mépris des principes du Droit international, envahirent et occupèrent la partie Est de la RDC en initiant des pseudo-rébellions. A la veille de l’anniversaire du début de cette guerre d’agression ayant fait plus de 6 millions de morts, la rédaction de CTMT se souvient du mois d’août 1998 et s’en va, dans les lignes qui suivent, vous faire revivre, jour pour jour, les péripéties ayant marqué son déclenchement, son évolution et les acteurs du mouvement politico-militaire Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD).

Le dimanche 02 août 1998, des coups de feu sont entendus aux environs du Mont Ngaliema à Kinshasa. Déjà vers 19 heures, le Boulevard du 30 juin dans la commune de la Gombe se vide et n’y circulent désormais que des véhicules bourrés de militaires armés jusqu’aux dents.

Le lundi 03 août, une bonne partie de la capitale se réveille au bruit du canon. On apprend que la nuit avait été agitée au camp Tshatshi. A la radio, le ministre de l’information, Didier MUMENGI intervient en se montrant rassurant : « Quelques inciviques ont pris les armes pour troubler l’ordre public, la tranquillité et la paix en RDC ». Il demande à la population de rester à la maison jusqu’à ce que l’armée rétablisse l’ordre. Dans la mi-journée, le commandant MUNENE, alors Vice-ministre de l’intérieur chargé de l’ordre public, recommande à la population de garder son calme et sa sérénité pendant que les opérations de ratissage se poursuivent jusqu’au rétablissement total de la sécurité. Il invite, en outre, la population à dénoncer les ennemis et à respecter pendant trois jours un couvre-feu allant de 18 heures du soir à 6 heures du matin. On parle de 150 soldats Banyamulenge venus du Bas-Congo qui ont réussi à s’emparer des armes au camp Tshatshi et à y créer la panique. Entre-temps, des radios périphériques annoncent qu’à Bukavu et à Goma, des militaires seraient entrés en rébellion avec, sans doute, la complicité du Rwanda.

Le mardi 04 août, des nouvelles inquiétantes proviennent de Kisangani et de Moanda. A Kisangani, entend-t-on, 250 soldats rwandais tentent de s’emparer de la ville. A Moanda, sur la côte atlantique du Bas-Congo, des rebelles seraient arrivés en provenance de la grande base militaire de Kitona, située à 10 km. Un avion-cargo de la compagnie CAL (Congo Air Lines) aurait été détourné à Goma par des militaires rwandais sur ordre du commandant James KABAREHE, l’ancien Chef d’Etat-Major Général des Forces Armées Congolaises, démis de ses fonctions le 13 juillet par le Président KABILA et renvoyé au Rwanda le 29 juillet 1998. Lui-même prend place dans l’avion et atterrit sans coup férir à la base de Kitona où une partie des milliers de soldats congolais de l’ancienne armée zaïroise, en rééducation, se joignent aux Rwandais. On apprendra plus tard que pendant onze nuits, des rotations d’avions se poursuivent entre Goma et Kitona, transportant ainsi quelque 8.000 soldats rwandais et ougandais avec leurs armes et même les blindés. Cela explique qu’en une douzaine de jours tout le Bas-Congo tombera entre leurs mains, des villes côtières de Moanda et Banana aux ports de Boma et Matadi. Celui-ci, dernier port accessible aux navires de mer sur le fleuve Congo, se trouve à 350 km de la Ville de Kinshasa, à laquelle il est relié par une voie de chemin de fer, une route et un oléoduc. En outre, à 25 km en amont de Matadi, se trouve le site hydro-électrique d’Inga qui fournit le courant nécessaire à Kinshasa, Brazzaville et Bandundu, mais aussi via une ligne de 1800 km, de Inga à Kolwezi, au Sud-Katanga minier, à Lubumbashi et, en passant par la Zambie, au Zimbabwe et à l’Afrique du Sud. A l’Est du pays, entre-temps, l’agression étrangère s’était précisée dès le deuxième jour de la guerre. Les Forces Armées Congolaise (FAC) avaient le matin repris Bukavu aux mutins. Aussitôt, des militaires du Rwanda avaient traversé la rivière-frontière de la Ruzizi et aidé les rebelles à reprendre la capitale du Sud-Kivu. Le complot révèle au grand jour son caractère international, mais pas encore toutes ses ramifications

Le mercredi 05 août, les contours de l’ampleur de la guerre se dessinent de plus en plus clairement avec la lecture d’une déclaration du Département d’Etat américain annonçant qu’il réduit sa représentation diplomatique à Kinshasa et demandant à ses ressortissants de quitter le pays. Dans la même déclaration, il soutient que la crise qui sévit en RDC n’est pas le seul fait du soulèvement des soldats congolais d’origine rwandaise mais aussi des conflits internes. Le gouvernement Kabila, ajoute-t-il, a démontré plusieurs fois des insuffisances, notamment dans le respect des droits de l’homme. Coïncidence étrange : cette déclaration était faite pendant que la RDC portait plainte au Conseil de Sécurité des Nations-Unies pour agression étrangère ! Le même mercredi 05 août, des troupes du Burundi entrent à Uvira.

Le jeudi 06 août, à Kinshasa, le Président KABILA s’adresse pour la première fois à la presse. Il invite la population à se mobiliser pour une guerre totale, longue et populaire, et promet de lui distribuer des armes et d’exporter la guerre d’où elle est venue. Le même jour, Z’ahidi Ngoma arrive à Bukavu et se joint aux rebelles à Goma. Les Généraux Baramoto et Nzimbi sont signalés à Kigali.

Le samedi 08 août, le Président Kabila se rend à Victoria Falls (Zimbabwe) au sommet des Chefs d’Etat de la région des Grands Lacs. Il y est invité par le Président Robert Mugabe.

Le dimanche 09 août, le Ministre Didier Mumengi annonce que deux colonnes de troupes ougandaises ont envahi la RDC et tentent de prendre Bunia. En outre, Beni et Butembo au Nord-Kivu ne répondent plus aux appels de Kinshasa, certainement elles sont déjà sous occupation ougandaise. Des journaux signalent la présence de Monsieur KENGO à Kampala. Entre-temps, au sein de la population, la vraie information fait défaut. La rumeur prend le relais et grandit. Les deux se camps se livrent alors à une guerre des communiqués sans merci. Kinshasa cache la gravité de la situation sur terrain en annonçant des succès de reprise en main des localités sous contrôle des rebelles. Ces derniers de leur côté annoncent des victoires à l’Est comme à l’Ouest. La rébellion, aidée par des complices et autres traîtres laissés sur place à Kinshasa, semble visiblement avoir le dessus sur le terrain des hostilités.

Le lundi 10 août, Kinshasa est mis en état d’alerte générale. Sur le fleuve, le trafic avec Brazzaville est interrompu. Au centre-ville, le Boulevard du 30 juin est truffé d’obstacles anti-avions. Par ailleurs, on apprend qu’à Kisangani, l’armée loyaliste a repris le dessus, surtout grâce à la bravoure des policiers. Le commandant des FAC, soupçonné de trahison, prend fuite.

Le mercredi 12 août, l'hebdomadaire parisien, Le Canard enchaîné, précise que le Président Chirac et ses conseillers suivaient l'évolution de cette affaire depuis décembre 1997. Mais, ils ne lui auraient apporté qu'un "soutien sans participation".

Le jeudi 13 août, le Journal américain, The Christian Science Monitor, signale que deux navires de guerre américains mouillent au large des côtes congolaises avec 1.200 marines  à bord et plusieurs hélicoptères. Officiellement, pour assurer l'évacuation de leurs ressortissants. On croit savoir que, selon ce journal, ces navires sont là depuis plusieurs jours et qu'ils auraient apporté un appui logistique aux envahisseurs ougando-rwandais, notamment pour leurs atterrissages de nuit à Kitona et leur déploiement dans le district du Bas-Fleuve congolais. En définitive, le journal révèle que le Pentagone serait impliqué dans la préparation de cette invasion-rébellion.

Le même jeudi 13 août, à Kinshasa vers 15 heures, les choses se dégénèrent. Le courant électrique est coupé sur toute l'étendue de la ville de Kinshasa. Conséquence : deux heures plus tard, l'eau cesse de couler dans les robinets. Le gouvernement rassure qu'il ne s'agit que d'une panne et non pas de l'occupation du barrage d'Inga par les rebelles. Le lendemain, à partir de midi, le courant est partiellement rétabli grâce à l'augmentation de la production d'électricité de la centrale de Zongo, sur la rivière Inkisi, à 100km au Sud-ouest de Kinshasa.

Le vendredi 14 août, le Commandant Kifwa, Chef d'Etat-major général intérimaire est démis de ses fonctions par le Chef de l'Etat. Il avait succédé le 13 juillet 1998 au commandant rwandais James Kabarehe. Il est remplacé par Joseph Kabila, 28 ans, fils du Président de la République, qui avait été l'adjoint du commandant James et qui venait de rentrer de quelques mois de formation en chine. Il sera secondé par un ancien général des FAZ, Denis Kalume Numbi, alors Ministre de la Reconstruction qui devient plus tard commandant du Service National. Quarante généraux des ex-FAZ se sont mis à la disposition des FAC.

Le même vendredi 14 août, la Sabena suspend ses vols sur Kinshasa, autant que Swissair, TAP et SAA. Les étrangers qui veulent encore partir sont autorisés à traverser le fleuve en bateau pour Brazzaville. L'ONU aussi fait évacuer son personnel.

Le samedi 15 août, cinq des ministres du gouvernement congolais arrivent à Lubumbashi où séjournait déjà le Président Kabila en vue des rencontres avec les ministres des affaires étrangères de Tanzanie, Zimbabwe, Namibie et Zambie.

Le même samedi 15 août, la compagnie aérienne CAL annonce qu’elle reprend ce jour ses vols pour Kisangani où, explique-t-elle, la situation est redevenue normale.

Le dimanche 16 août, le Président Kabila se rend à Luanda (Angola) où il a eu des entretiens avec les Présidents Dos Santos et Sam Mujoma. Il rentre le soir à Kinshasa et annonce que "les  prochaines 24 heures seront décisives". Puis, il retourne à Lubumbashi. Monsieur Bizima Karaha le dit en fuite avec les dollars de la Banque Centrale.

Le même dimanche 16 août, à Goma, la rébellion se dote d'une direction politique et prend le nom de RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie). Des dirigeants sont nommés : Ernest Wamba dia Wamba (Président), Moïse Nyarugabo (Vice-président), Thambwe Mwamba, Lunda Bululu, Bizima Karaha (Relations extérieures), Etienne Ngangura (Presse), E.Kamanyi (Finances), Me Emungu (Justice) et Arthur Z'Ahidi Ngoma fait office de porte-parole du RCD. A la tête de la direction militaire, on confirme l'officier ex-FAZ Jean-Pierre ONDEKANE, qui annonce d'autres conquêtes, notamment Matadi et la progression vers Mbanza-Ngungu, à 150km de la capitale.

Le mardi 18 août, Angolais et Zimbabwéens, les nouveaux alliés du gouvernement congolais, renforcés par un contingent namibien, entrent en action. Le Ministre Didier Mumengi annonce le début de la contre-offensive des FAC dans le Bas-Congo. Ces derniers repartent à l'assaut de la base de Kitona qu'ils bombardent violement avec, semble-t-il, le puissant appui aérien des forces armées angolaises qui, par après, pénètrent en force en RDC par l'enclave de Kabinda avec l'armement lourd, blindés et pièces d'artillerie. Les troupes du zimbabwe, disciplinées, bien équipées et avec leur propre appui aérien, arrivent par avion à Kinshasa. Elles prennent ensuite la route vers Matadi en laissant quelques unités pour la protection de la ville de Kinshasa et surtout de son aéroport.

Le samedi 22 août, la base de Kitona tombe entre les mains des forces loyalistes, presqu'en même temps que les villes de Moanda, Banana, Boma et Matadi. A Matadi, le même Boeing 727 qui avait amené les envahisseurs à Kitona, vient faire trois rotations dans l'autre sens pour rapatrier des militaires blessés et d'autres officiers et soldats rwandais. Plusieurs seront faits prisonniers.

Le même samedi 22 août, le Chef de l'Etat nomme un nouveau ministre des Affaires Etrangères à la place de Monsieur Bizima Karaha, Monsieur Jean-Charles Okoto Lolakombe, un diplomate de formation universitaire qui a fait carrière dans la territoriale. Il était vice-gouverneur de la Province du Kasaï-Oriental.

Le dimanche 23 août, Kisangani tombe sans résistance devant l'offensive menée par un régiment ougandais et grâce au ralliement d'éléments des FAC à la rébellion.

Le 26 août, Kalemie tombe entre les mains des rebelles. Un avertissement sérieux.

Du mercredi 26 au vendredi 28 août, ivres de victoires enregistrées dans le Bas-Congo, les autorités de Kinshasa, s'intéressant donc plus à privilégier les pistes diplomatiques comme celles qui aidèrent la RDC à bénéficier de l'appui des partenaires de la SADC malgré les réticences de Mandela, et refusant de prêter l'oreille aux informations données par les radios périphériques et qui faisaient état de la progression des rebelles vers Kinshasa, ont été désagréablement surprises par les attaques de ces derniers qui, évitant les routes, les rails et les agglomérations, ont atteint Kinshasa par le maquis, à pieds et en véhicules tout terrain, en suivant l'oléoduc ou les pylônes de la ligne électrique d'Inga-Kinshasa. Ainsi, des concentrations de rebelles cachés dans la forêt de Mikonga et sur les collines à l'Est de Kinshasa passèrent donc à l'attaque. L'objectif principal était d'occuper l'aéroport afin de permettre l'arrivée des renforts en provenance de Brazzaville où des éléments de l'ancienne DSP de Mobutu se tenaient prêts à intervenir. En même temps, d'autres troupes ougando-rwandaises associés aux rebelles firent irruption dans les communes de N'djili, de Masina et de Kimbanseke, plus particulièrement à Kingasani où ils s'étaient infiltrés depuis quelques jours. La population, alertée, a vigoureusement organisé l'auto-défense populaire jusqu'à se livrer à d'horribles atrocités comme le supplice du pneu. A N'djili, les unités zimbabwéennes ont réussi à protéger l'aéroport et à repousser les attaques des ennemis. L'élément déterminant semble avoir été ce refus populaire radical et unanime de voir des étrangers revenir prendre le pouvoir à Kinshasa.

Le samedi 29 août, après la "guerre de Kinshasa", la diplomatie congolaise se remet en marche: le Ministre Didier Mumengi se rend à Abidjan et réussit à se faire recevoir par le Président Konan Bédié et par Koffi Annan, Secrétaire Général de l'ONU à l'époque, de passage à Abidjan.

Le dimanche 30 août, le Ministre Didier Mumengi revient à Kinshasa et brandit un communiqué final très favorable au point de vue du gouvernement congolais. Le Président ivoirien approuve l'intervention de l'Angola, du Zimbabwe et de la Namibie aux côtes des Congolais. Il promet de défendre cette position auprès des pays membres de la francophonie et propose qu'on recommande la constitution des armées alliées de la RDC en une force d'interposition pour le rétablissement de la paix.

Jusqu’à la fin de l’année 1998, de nombreux acteurs congolais et dignitaires du régime mobutiste feront le déplacement de Goma pour le repositionnement en perspective des accords politiques entre le pouvoir de Kinshasa et le mouvement rebelle. 

Les ministres du gouvernement Matata Ponyo ayant fait la guerre pour le compte du RCD-Goma

Lambert Mende Omalanga, Ministre des Médias, relations avec le Parlement et Initiation à la nouvelle citoyenneté : . Province du Kasai oriental, 59 ans. Licencié en criminologie. Parcours : chef du bureau au ministère de la Jeunesse et sports et animateur des émissions radiophoniques (1976-1980) ; exil en Belgique en qualité de président du MNC-L ; retour à Kinshasa après le discours présidentiel du 24 avril 1990 restaurant le pluralisme politique ; participation à la Conférence nationale souveraine en qualité de président de la commission des biens mal acquis (1991-1992) ; vice-Premier ministre chargé des Transports (1994-1996) ; Membre du RCD-Goma chargé de la Communication (1999) ; membre du RCD-K/ML pro-ougandais ; participation au dialogue intercongolais (2002) ; sénateur de transition sous le régime 1+4 (2003) ; député national (2006) ; ministre des Hydrocarbures (2007) ; ministre de la Communication et des médias (2008-2012); député national du parti CCU (Convention Congolais unis). 

Tryphon Kin-Kiey Mulumba, Ministre des Postes, Télécommunication et Nouvelles technologies. Province de Bandundu, 62 ans, docteur en sciences politiques. Correspondant de l’agence britannique Reuters à Kinshasa (1983-1994) ; fondateur au début des années 80 du mensuel économique et politique «Finance» et de sa version «journal» «Le Soft»; professeur de l’histoire de la presse à l’Isti rebaptisé Ifasic (Institut facultaire des sciences de l’Information et de la communication); conseiller technique au cabinet du secrétaire général de l’Institut Makanda Kabobi ; ministre de l’Information dans l’éphémère gouvernement Likulia (avril-mai 1997) ; exil en Belgique et lancement du du journal «Soft International» ; membre du mouvement rebelle pro-rwandais RCD-Goma, chargé successivement des Affaires sociales, femmes et familles et Communication ; rupture avec le RCD-Goma et création du RCD Congo à l’issue des travaux du dialogue intercongolais (2002) ; Retour au RCD-Goma et rapprochement avec Kigali et Kinshasa ; élu député national «indépendant» et rejoint l’«Alliance pour la majorité présidentielle» (AMP) en 2006. Président du PA (Parti de l’action); député national (2011). 

Banza Mukalayi Sungu, Ministre de la Jeunesse, des Sport et Loisirs, ainsi que Culture et Arts. Province du Katanga, 59 ans, licencié en langue et littérature française. Parcours : Journaliste ; enseignant (1975-1980); commissaire du peuple en 1982 et 1987; ministre chargé des Relations avec le Parlement (1990); 1er vice-président du MPR (1992); vice-Premier ministre chargé des Mines (1996); ministre des Mines et énergie (avril-mai 1997); exil en Zambie; membre du RCD-Goma; vice-ministre des Travaux publics et infrastructures (2003); président fédéral du RCDpour le Katanga (2004); vice-ministre de la Coopération internationale (2005); député national (2006); président du conseil d’administration de l’INSS en 2008 (sécurité sociale). 

Célestin Vunabandi, Ministre du Plan et suivi de mise en œuvre de la révolution de la modernité : . Nord Kivu, licencié en économie. RCD-Goma. Parcours : inspecteur des contributions ; conseiller au cabinet du ministre de l’Enseignement supérieur ; enseignant à Goma ; ministre de l’Economie (2003) ; ministre du Portefeuille (2004); député national (2006). 

 

Les trois "mousquétaires" congolais

En RD Congo, Baudouin Banza Mukalay Sungu, Tryphon Kin-Kiey Mulumba et Lambert Mende Omalanga sont d’experts compagnons de la dictature et ne craignent pas un seul instant d’endosser le lourd passif des régimes dictatoriaux et avilissant le peuple congolais. Tryphon Kin-Kiey Mulumba et Lambert Mende Omalanga  ont entre autre l’art de faire le journal de la guerre…et de diffuser en « macro » la nécrologie nationale. Cependant, tous ces trois hommes ont été acteurs de premier plan au sein du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD).

Communément, tous ces trois personnages « kamikazes » sont passés par le Ministère de l’Information et de la Presse, d’une part, et sont président- fondateurs de parti politique, d’autre part. Baudouin Banza Mukalay a été ministère chargé des relations avec le Parlement, avant d’aller gérer le ministère de l’Information et de la Presse du premier gouvernement de transition, dirigé par le Professeur Lunda Bululu en mai 1990. Il est aujourd’hui président-fondateur et autorité morale (actionnaire largement majoritaire) de l’Union pour le Développement du Congo (UDECO) crée en 2008. Tryphon Kin-Kiey Mulumba a été ministre de l’Information et de la Presse du dernier gouvernement de transition du régime mobutiste conduit par le général Norbert Likulia Bolongo. Ce ressortissant du pauvre territoire de Masimanimba est,  lui aussi, depuis septembre 2009, président-fondateur du Parti pour l’Action (P.A) dont il détient les parts majoritaires de l’investissement et apporte le gros des frais de fonctionnement et frais divers. Lambert Mende Omalanga sera peut-être le dernier ministre de l’Information et de la presse rendu en nouvelle nomenclature gouvernementale «Ministère des Médias, relations avec le Parlement et de l’Initiation à la nouvelle citoyenneté » de Joseph Kabila. Ce natif de Lodja et un de rares spécialistes en prestidigitations politiques du pays est aussi président-fondateur du parti dénommé Convention des Congolais Unis (CCU) dont il a assuré quasiment la totalité de l’investissement et le nourrit financièrement au quotidien.

Comment, dans un pays de plus de 70 millions d’habitants présentant des indices en développement humain au plus bas de l’échelle internationale et comptant des dizaines d’universités et instituts supérieurs dont sa plus grande université produit seule plus 2.000 diplômés chaque année, ces trois hommes possibles ont pu se maintenir dans l’arène du pouvoir de 1990 à ce jour, une période marquée curieusement par une « révolution » ? A chacun, sa réponse. Il y a lieu de conclure que le 17 mai 1997, il n’avait jamais eu révolution : le mode de gouvernance et les mœurs politiques sont restées intactes et contre-productives comme à l’époque de Mobutu. 


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